mardi 23 juin 2009

Sur Rue89, une réponse à Zéki : Iran, révolution de 1979, islamo-fascistes

Je dépose une réponse sur Rue89

Portrait de Yanick Toutain

à Zeki Portrait de Zeki De Yanick Toutain

Humain sur Terre | 21H49 | 23/06/2009 | Permalien

Beaucoup de mises au point fort utiles.

Il manque trois choses importantes :

1° De façon absolument scandaleuse, l'article ne prononce pas le mot « Savak »
Un simple saut sur Wikipédia aurait instruit l'auteur ignare de cet article de « décryptage » en carton-pâte :
citation wiki
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http://fr.wikipedia.org/wiki/SAVAK#Histoire
« La SAVAK est fondée en 1957 avec l'assistance de la CIA et du Mossad avec pour mission de protéger le Shah, Mohammad Reza Pahlavi et de contrôler l'opposition, en particulier politique. Son premier directeur est le général Teymour Bakhtiar qui est remplacé par Hassan Pakravan en 1961 puis assassiné. Pakravan est remplacé en 1965 par le général Nematollah Nassiri, un proche du Shah, et le service fut réorganisé et devint de plus en plus “efficace” face à l'opposition islamique et communiste (Toudeh) de plus en plus remuante. La SAVAK était sous les ordres directs du premier ministre et possédait des liens étroits avec l'armée. »

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C'était un Etat fasciste
===citation wiki
http://fr.wikipedia.org/wiki/SAVAK#Op.C3.A9rations
« La SAVAK avait virtuellement des pouvoirs illimités d'arrestation et de détention. Elle opérait dans ses propres centres de détention, comme la tristement célèbre prison d'Evin. Il est de notoriété publique que la SAVAK soumettait régulièrement ses détenus récalcitrants à la torture physique. »

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N'importe quel militant ayant milité pour la révolution anti-impérialiste en 1979 SAIT que décrire cette police fasciste est le PRÉAMBULE de toute description sérieuse de l'Iran du Shah.

2° La repression fasciste des islamo-fascistes débuta presque aussitôt le retour de Khomeini.
Les imbéciles staliniens du parti Toudeh crurent possible de passer des compromis avec les bigots chiites. Après les syndicalistes trotskistes de l'industrie pétrolière pour qui, de France nous faisions signer des pétitions, ce furent les staliniens eux-mêmes qui furent les victimes des bigots-fascistes.
Ce n'est pas dit, mais Anouche, l'oncle de Marjane Satrapi devait appartenir à ce groupe quand il fut condamné à mort.
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A la recherche de documentations sur ces pétitions que nous faisions signer, je découvre un texte que je viens de lire partiellement et en diagonale. Je ne connais pas ce site. Mais le texte est passionnant.
Il éclaire d'un jour différent le déroulement exact de la révolution anti-impérialiste de 1978-1979
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http://bataillesocialiste.wordpress.com/documents-historiques/2006-iran-…

L'auto-organisation ouvrière

Lorsque le vieil Etat a commencé à s'effondrer, le peuple ouvrier a pris le contrôle de structures sociales de base, les plus importantes étant les shorras (conseils) dans les lieux de travail. Ces shorras prenaient des formes différentes (rien qu'à Téhéran, il y en avait un millier) et dans les premiers mois de 1979, ils se sont multipliés [15].
Comme l'indique Maryam Poya :

« Les comités de grève dans toutes les usines, bureaux, écoles, universités et autres lieux de travail se reformaient et prenaient leur fonction en tant que shorras (conseils) : shorras d'ouvriers, shorras d'étudiants, shorras d'employés de bureaux. Dans les villages, les paysans établissaient leurs propres shorras de paysans. Dans les villes, le pouvoir passait aux mains de corps locaux appelés Komitehs (comités). Les membres des Komitehs étaient essentiellement des sympathisants des organisations de guérilla, mais comportaient aussi le clergé local et de partisans fanatiques de l'idée de république islamique. Au sein des minorités nationales, le pouvoir tombait aux mains de leurs shorras locales. »

Les shorras d'ouvriers étaient des comités d'usine, des organisations de base dont le comité exécutif représentait tous les travailleurs de l'usine ou d'un groupe industriel.
Ils élisaient aussi des sous-comités pour des tâches particulières. Leur préoccupation principale était le contrôle ouvrier. Bayat explique que « les shorras qui ont eu le plus de succès furent ceux qui exerçaient un contrôle total sur le lieu de travail sans aucun véritable pouvoir des directeurs officiellement nommés. Leur politique et leurs activités étaient indépendantes de l'Etat et des directeurs officiels et se basaient sur les intérêts de l'ensemble des travailleurs ».
Pour les meilleurs exemples, les shorras des usines Fanoos et Iran Cars, il y avait « un contact permanent entre la shorra et la base. Le résultat des activités ou de négociations avec une quelconque autorité était rapporté aux travailleurs. Cette forme d'intervention contrôlée par la base réduisait les tendances bureaucratiques [16] ».

Bayat explique que dans la période de février à août 1979, les travailleurs « mènent une lutte indépendante, et parfois directement opposée, aux leaders [cléricaux] de la
révolution ». Il considère que les shorras étaient des embryons de soviets ou conseils ouvriers.
Par exemple, à l'usine de textile Chite Jaghan, près de Téhéran, dans les premiers mois de 1979, la shorra a organisé l'augmentation de la production, doublé le salaire minimum en coupant dans les salaires des cadres supérieurs, et offert du lait gratuit aux ouvriers [17].
A l'usine Fanoos, la constitution de la shorra donnait au comité l'autorité de faire face au « sabotage contre-révolutionnaire », de faire des formations militaires et de « purger les éléments corrompus et anti-populaires, quel que soit leur position ».
Tout le monde, y compris la direction qui était accusée, prenait part à des meetings de masse pour décider de leur destin [18].
Les travailleurs luttaient pour des cantines, des cliniques et des écoles. Dans les lieux de travail où les patrons avaient fuit, les ouvriers prirent le contrôle de la production, organisèrent le travail, l'achat de matériel et la vente des produits.
Ils menaient aussi des actions pour obtenir le contrôle de leurs lieux de travail. Des assemblées générales de travail jugeaient des directeurs, des agents de maîtrise et des agents de la SAVAK et les licenciaient. A l'usine Arj, par exemple, un ouvrier expliquait « qu'après la révolution, la direction commença simplement les mêmes méthodes d'exploitation et d'oppression. Mais nos gars étaient devenus assez conscients pour ne plus tolérer de tels comportements. Aussi, nos gars ont rapidement foutu ces gentlemen à la porte [19] ».
A la Compagnie de Moteurs Eadem, en mars 1979, la shorra de l'usine a décidé de licencier onze directeurs après avoir enquêté sur leurs cas. A l'usine de voiture Pars, les ouvriers ont décidé que « les employeurs n'ont pas le droit d'embaucher ou de licencier quelqu'un sans consulter la shorra [20] ».


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fin de citation
Je partage tout le début de leur conclusion :
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citation
«


Conclusion

Le régime de Khomeyni était un gouvernement bourgeois, basé sur des fractions du capital national, la bourgeoisie des bazars et le pouvoir financier substantiel des mosquées. Ce fut une forme « d’anti-impérialisme réactionnaire », opposé à la domination du capital étranger mais particulièrement hostile à la classe ouvrière. Ce n’est pas un abus de langage de l’appeler fascisme clérical au vu de la destruction du mouvement ouvrier.
Khomeyni dirigea le mouvement de masse contre le Shah et déguisa son programme pour un Etat théocratique derrière de vagues phrases sonnant libérales.
Pourtant la gauche échoua à analyser la nature de ses plans tout comme à prévoir la forme de son règne. Comme le dit Nima : « les allusions rhétoriques de Khomeyni sur la liberté ne furent malheureusement pas comprises par l’opposition au Shah, y compris par la majorité de la gauche ».
La gauche échoua à préparer la classe ouvrière et à la mettre en garde sur ce qu’elle avait à craindre. Au contraire, la gauche utilisa de stupides analogies pour incorporer le mouvement de Khomeyni dans un mécanisme parodique de la « révolution permanente », fort éloigné de la théorie originelle de Trotski.

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fin de citation

Ce que ce texte explique sur les pseudo-troskistes US du SWP est tout à fait exact.
Ce parti organisa le soutien “critique” en faveur de Khomeini comme il le fit en faveur des formois sandinistes.
Pendant que ces deux “leaders anti-impérialistes” Ortega et Khomeini organisaient la répression contre les véritables révolutionnaires.

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3° Carter : Le commentateur Zeki
http://www.rue89.com/riverain/zeki
remet les choses à leur place quant à Carter.
Il est juste nécessaire de préciser que Raymond Barre (le politicien bourgeois français antisémite) participait à la commission de l'organisation Trilatérale qui prit la décision de présenter James - Jimmy - Carter aux élections étasuniennes.
Ce fait - d'après ma mémoire et donc à confirmer - se trouvait mentionné dans le livre “Vodka Cola” portant sur les relations USA-URSS.
http://www.google.com/search ? q=vodka+cola+levinson&hl=fr&sourceid=gd&rlz…
C'était une stratégie mondiale qui consistait à lâcher de la pression face à la montée révolutionnaire.
Il suffit de constater la proximité du Nicaragua et du processus révolutionnaire qui venait interrompre la tentative fasciste mondiale (Chili 73)
Il fallut Thatcher, la répression contre les mineurs et les Malouines pour que la bourgeoisie mondiale reparte à l'offensive contre la classe formoise.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Margaret_Thatcher
On peut noter que ce choix de la bourgeoisie mondiale fait à la charnière de 1978-82 eut comme double “contrepartie” d'une part le soutien aux islamo-fascistes de Ben Laden et d'autre part le combat militaire contre l'Iran par un Saddam Hussein “laïc” marionnettisé avec le financement de son armement. Il s'agissait, derrière les bigots de l'islamo-fascisme d'Iran de combattre le peuple iranien, la formoisie iranienne et les petites et moyennes bourgeoisie d'Irant qui avaient oser renverser le pouvoir de la Savak et des amis de la Jet Set.
Dresser les deux peuples l'un contre l'autre avait l'avantage pour la bourgeoisie mondiale de stabiliser les deux dictatures : dictature en Irak et dictature en Iran.

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Merci donc aux critiques construites de ces décrypteurs clowns de remettre l'Histoire à sa place. Merci à Zeki.
Et j'engage les lecteurs à faire comme moi : aller lire en détail le lien historique.


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