dimanche 25 mai 2008

Philosophie et sciences : très brève réponse

En réponse à un texte publié sur fr.sci.physique par Joris Abadie (aux identités multiples) Les sciences physiques dépendent de la philosophie


Vous énoncez le fait que la philosophie serait de la logique pure et la physique de la logique appliquée :

"Si nous analysons les caractères premiers des sciences, nous nous
apercevons que les sciences physiques sont de la logique appliquée et que la philosophie est de la logique pure et ne peut devenir appliquée qu'au travers des autres sciences."




Cette distinction est infondée, aussi bien sur le plan historique que sur le plan de l'analyse.

HISTORIQUE : PUTHAGORAS ET LA PHILOSOPHIE

Quand Puthagoras (appelé Pythagore en France) fonde la philosophie, il s'agit pour lui d'un "amour de la sagesse" qui n'est rien d'autre que la science.

La "philosophie" est pour lui et ses collaborateurs l'étiquette appliquée sur la recherche scientifique.


Et l'acte fondateur de cette philosophie, de cettte recherche scientifiques consiste à énoncer la rationalité des nombres entiers, en refusant tout existence logique aux autres "nombres" prétendus : pour eux, irrationnels, transcendants ne sont pas des nombres. Ni pour Puthagoras, ni pour les scientifiques dignes de ce nom.


C'est en effet la logique popularisée par Titus Lucretius dans son De Rerum Natura qui a amené Puthagoras à cette découverte : tout peut se fractionner en grains et ces grains qui sont comptabilisables par des nombres entiers.

Ce que Democritos fit connaître, ce que Epicuros fit connaître, était, bien évidemment au coeur des recherches de Puthagoras : la quantification du réel.

Aucune autre logique que cette description du réel par des particules, par des grains, ne peut justifier la construction de son arithmétique.


L'arithmétique de Puthagoras est le reflet intellectuel des GRAINS qui sont la matière.



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Mais, il apparu rapidement que des morceaux de la sciences globale allaient progressivement conquérir leur autonomie : l'astronomie vint à revendiquer sa spécificité comme, peu à peu chacune de sciences particulières qui traitaient un morceaux de la réalité globale.

Même l'art des techniques de siège en vint à revendiquer son autonomie "scientifique" : Polubos (Polybe) devint l'avocat de la poliorcétique.

PHILOSOPHIE NATURELLE DE NEWTON

Certes, il est clair encore, au 17° siècle, que la philosophie est toujours la science globale : le titre de l'ouvrage d'Isaac Newton est "Principes mathématiques de philosophie naturelle".


Mais on est à la charnière : la multiplication du nombre de chercheurs, l'accumulation phénoménale du nombre de données recueillies à partir du 18° siècle vont précipiter ce mouvement de parcellisation du savoir, des domaines de recherche...

PHILOSOPHIE DE MARX ET ENGELS

Il en résultera le fait que le 19° siècle sera le siècle de la reconstruction globalisante : Marx et Engels, appuyés sur la dialectique de Hegel (elle-même héritage grec) se fixeront comme but de forger les outils permettant de comprendre d'ensemble du réel: sciences physiques, sciences biologiques, sciences humaines, avaient besoin de lois globales.

Si Marx, pris par l'ampleur de ses recherches en économie, de la rédaction de ses traités historiques et de la rédaction du Capital, dût négliger la mise en forme de ces lois générales, Friedrich Engels, lui, trouva le temps de clarifier, pour la postérité, quelles étaient les trois principales lois philosophiques qui gouvernaient la matière.

"C’est donc de l’histoire de la nature et de celle de la société humaine que sont abstraites les lois de la dialectique. Elles ne sont précisément rien d’autre que les lois les plus générales de ces deux phases du développement historique
ainsi que de la pensée elle-même. Elles se réduisent pour l’essentiel aux trois lois suivantes :
– la loi du passage de la quantité à la qualité et inversement ; – la loi de l’interpénétration des contraires ;
– la loi de la négation de la négation."


Il est bien clair pour Engels, qu'il s'agit de découvertes et non d'inventions : les lois qu'il a formalisées et que l'auteur de cet article présentera sous forme de graphiques dans un prochain article (texte de 1997 perdu - à réécrire) sont le reflet intellectuel de la réalité.

Contrairement aux idioties du crétin Einstein, le chercheur n'a aucune liberté d'inventer quoi que ce soit en science : il lui est donné la possibilité de décrire le réel, c'est-à-dire de produire des idées qui sont le réel lui-même.

La transformation quantité qualité n'est que le reflet intellectuel du processus lui-même.

Ce processus peut être une accumulation de cultivateurs qui produit une qualité artisan, ou une accumulation de molécules liquides rapides qui deviennent molécules gazeuses ou encore une accumultation bio-électrique qui provoque l'orgasme décrit par Wilhelm Reich, dans tous les domaines, la grille conceptuelle globable est la même.

Il n'y a pas de raison pure ou de raison appliquée, il n'y a pas de logique pure ou de logique appliquée, il n'y a que des concepts qui en tant que concepts ne sont que le reflet intellectuel de la réalité elle-même.

Je renvoie le lecteur sur mon "Manifeste matérialiste", qui est une présentation pédagoqique et actualisée des idées de Engels et de Lénine.

Le lecteur lira avec profit les oeuvres des grands Anciens et en particulier le Matérialisme et empiriocriticisme" de Lénine, brûlot anti-relativiste contre Poincaré, Mach et autre Berkeley.