en réponse à
Politiques 23/05/2009 à 06h51
Aristophane, premier camarade
Analyse
De la Grèce à Marx en passant par l’utopie au XVIe siècle, 2 500 ans de collectivisme.
ROBERT MAGGIORI
sur Libération
J'ai bien connu Aristophane, j'avais 14 ans.
Madame Seret - gloire éternelle à elle - tentait de nous enseigner la langue grecque antique.
Nous étions 9 - petits proto-formois fils d'arrivistes et enfants de bourgeois mélangés en 4° dans des lycées : les couches populaires non arrivistes avaient droit au CES naissant.
J'ai bien connu Aristophane.
Le précurseur que j'étais attendait avec impatience les logiciels de traduction automatique et donc allait "pomper" les traductions toutes faites dans la bibliothèque du coin.
La crapule stalinienne qu'était le bibliothécaire nous parlait comme à des chiens. - "Crapule" nous le savions, "stalinien" nous l'apprendrons plus tard.
Fonctionnaire aigri et à demi-fainéant.
Haïssant la jeunesse et l'intelligence.
J'ai bien connu l'Artistophane de l'époque - comme ma chère Antigone dont les "lois non écrites" ont accompagné, conduit et éclairé toute ma vie.
Cet Aristophane se moquant des "Paphlagoniens"
J'ai oublié pourquoi.
C'est il y a dix ans que j'ai compris que les moqueries d'Aristophane s'adressaient aux classes moyennes.
De la même façon que le fayot corrompu et talentueux (pas comme l'autre) Molière se moquait de la bourgoisie pour plaire à la noblesse, Aristophane, en tant que larbin de l'aristocratie antidémocratique passait son temps à rappeler les orines professionnelles de ses adversaires du parti démocratique.
J'ai oublié le nom de celui dont il se moquait ' un tanneur me semble-t-il.
Je vais continuer mes bonnes habitudes et aller voir mes sources :
Il écrivit de nombreuses comédies, dont la plupart ne nous sont connues que par des fragments. Onze nous sont parvenues : les Acharniens (425) et la Paix (421), où l'auteur intervient franchement dans la politique et combat le parti de la guerre ; les Cavaliers (424), où il attaque ouvertement Cléon, le tout puissant démagogue ; les Nuées (423) où il raille Socrate ; les Guêpes (422), où il tourne en ridicule l'organisation des tribunaux athéniens et les manies des juges ; les Oiseaux (414), où il s'en prend aux utopies politiques et sociales, comme plus tard dans Lysistrata (411) et dans l'Assemblée des femmes (392) ; les Thesmophories (411), et les Grenouilles (405), satires littéraires dirigés contre Euripide.(...)Attaché au parti aristocratique, le poète se servit largement des libertés que lui laissait l'état populaire pour attaquer les institutions et les chefs de file de la démocratie. Entre ses mains, la comédie devint une puissance qu'on a comparée justement à la presse politique moderne.
Il résulte de tout cela que Aristophane n'était pas un "camarade" mais bien au contraire un partisan de la "dictature" aristocratique.
Ce mot "dictature" est là entre guillemets car, à cette époque étrange, les dictateurs étaient très souvent les meilleurs adversaires des aristocrates et des classes moyennes "démocratiques" et donc les protecteurs des pauvres et même, souvent, des esclaves.
Mais ce sera l'objet de textes... un jour.
PS : Article passionnant, néanmoins. Il faudrait que quelqu'un approfondisse le lien "Cité du Soleil" et révolte de Spartakos- Spartacus
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