dimanche 24 mai 2009

Sur Libération. Égalitarisme scientifique : Six réponses aux non-réponses de Éric Hobsbawm

par Yanick Toutain
24/05/0918:48:11

Dans Libération, Éric Aeschimann pose 6 questions à Éric Hobsbawm*. 6 questions très intéressantes. Au lieu de répondre à ce qu'on lui demande, le soi-disant chercheur construit un nuage de fumée. Des propos dont la vacuité aurait eu pour fonction de masquer le néant absolu de l'état de sa réflexion actuelle sur l'état de la société capitaliste. Vacuité toute aussi grande des conséquences stratégiques que vacuité d'une prétendue « analyse scientifique » de ce qui se passe.

Ce texte commencera par répondre – en lieu et place du charlatan – aux questions posées par le journaliste de Libération. Puis une analyse montrera que la vacuité des propos de Hobsbawm sont le reflet de l'impasse intellectuelle, économique et sociale des deux classes exploiteuses dont ces propos cherchent à masquer l'existence – et la nocivité.

«Une réponse à la propagande libérale»

Interview

Éric Hobsbawm, historien britannique de renom, analyse le retour de l’idée communiste :

Recueilli par Éric AESCHIMANN

    LIBERTÉ


Né en 1915, Éric Hobsbawm, le plus grand historien britannique vivant, est aussi l’un des derniers représentants de la tradition des intellectuels communistes. Il vient de publier L’Empire, la démocratie, le terrorisme (André Versailles éditeur).

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Les 6 questions posées :

L’idée communiste telle qu’elle ressurgit aujourd’hui peut-elle nous aider à comprendre et à transformer le monde ?
Il n’y a pas de «retour à Lénine» en vue ?
La crise financière actuelle ouvre-t-elle la voie à un possible «après-capitalisme» ?
Le retour à Marx a donc commencé à la City ?
Des solutions à la crise peuvent-elles venir de l’expérience communiste ?
En renationalisant l’économie ?

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L’idée communiste telle qu’elle ressurgit aujourd’hui peut-elle nous aider à comprendre et à transformer le monde ?

YT : L'aspiration égalitariste visant à partager humainement la consommation et les choix d'investissement augmente – au sein des métropoles exploiteuses - chaque fois que la capacité des classes exploiteuses à mentir à ses enfants diminue. En effet, l'enfant cultivé qui a accès à la connaissance est spontanément gentil et partageur. Pour le transformer en un « Enrique » de la « Case de l'Oncle Tom », pour le transformer en petit esclavagiste méchant et arrogant, il faut que la violence exercée sur lui soit efficace. On a vu, dans l'histoire, de nombreux cas où les enfants – étudiants – des classes aristocrate-féodale ou bourgeoise-capitaliste refusaient de participer à la « reproduction » de leur appartenance de classe : 1848, ou 1934 sont des exemples universitaires du choix de la gentillesse et de la lucidité de la jeunesse estudiantine.
Il fallut de gros efforts de la classe formoise pour abrutir suffisamment sa progéniture pour adhérer à la mythologie des 30 Glorieuses.
La bourgeoisie l'aida dans ce trucage.
Mais, comme on le vit dans les luttes anti-coloniales (UNEF en France ou sur les campus étasuniens) et en mai 68 dans le monde, la jeunesse proto-formoise, à peine elle accédait à la connaissance qu'elle commençait à renâcler à
reproduire « sa » classe, qu'elle renâclait à devenir « vieux con » - l'insulte anti-formoise la plus fréquente adressée par les jeunes à leurs pères arrivistes.
Il fallut donc de gros efforts à la classe bourgeoise pour endiguer ce processus. La drogue distribuée massivement en Occident y contribua largement.

Mais un deuxième facteur intervint : le développement de l'informatique, de la robotique sonna le glas de la strate des travailleurs répétants. La bourgeoisie interpréta cela – à juste titre - comme le signal de la défaite de la classe formoise : le capital humain répétant allait être transformé par des machines. Ou, à défaut, remplacé par un capital humain travaillant, en Afrique et en Chine, en condition de semi-esclavage. Et Elizabeth II décora John Lennon.

Cette défaite de la classe formoise fut accélérée par le soutien des USA aux barbares féodaux d'Afghanistan qui détermina l'invasion russe en soutien à la formoisie afghane, ce qui précipita l'effondrement de tous les États formois.
Tchernobyl et le discrédit de la bureaucratie formoise incompétente contribua aussi cette à chute.

La formoisie était donc attaquée sous deux fronts : De l'intérieur, par sa jeunesse proto-formoise aspirant à l'égalitarisme et son amie en coexistence pacifique, et de l'extérieur par la classe capitaliste sous la forme de Margaret Thatcher et de Raymond Barre.

Le chômage, instrumentalisé à grande échelle, permit à la bourgeoisie de mener à bien son projet tout en écrasant les aspirations humanistes de la jeunesse : la formoisie occidentale fut débitée en tranche et envoyée dormir dans les rues, les abris de l'Armée du Salut – je reçus une belle lettre signée d'un sous-préfet – et dans les hôtels meublés de l'assistanat des abbés Pierre du Vatican. Les sommets de la classe formoise et ses couches moyennes, corrompus, laissaient faire, en apprenant la déshumanisation.

Quand à ceux dont le drapeau « communiste » n'avait pas été souillé par le sang des crimes du stalinisme, tout ce qu'ils trouvaient à dire, quand on leur demandait d'aller faire débuter le trajet des défilés « ouvriers » à partir des quartiers de chômeurs, c'était leur crainte de voir l' »émeute commencer ». Ils en eurent la crainte de 1983 à 2005*, du plan Fabius aux émeutes des quartiers – qui eurent lieu sans eux.

Tout cela fit révélation de la nature de classe des partis Besancenot, des partis « faux trotskystes ». Ils étaient les partis résiduels de la dégénérescence de la classe formoise. Des partis de l'inégalité salariale.

L'abandon de la révolution eut lieu en 1979 par la répression au Nicaragua des partisans du demi-trotskyste Moreno et l'expulsion de 25% des militants trotskystes de la 4° Internationale par les nouveaux pablistes.
L'abandon de l'Afrique eut lieu en 1996 par la cessation de la bataille acharnée contre les interventions colonialistes de la France.
Et, cela faisait suite à l'abandon de la bagarre pour les soviets révocables, par l'abandon de la construction des coordinations et le choix de la mise en place de syndicats minoritaires aux couleurs de faux rebelles, tel SUD etc.... Renoncement à la bataille pour la révocabilité, renoncement à la bataille pour la représentation du peuple lui-même dans ses propres institutions destinées à se substituer aux institutions bourgeoises.

C'est l'aspiration à l'égalitarisme et non l'idée communiste qui est le moteur de la jeunesse. L'aspiration à une consommation égale pour tous les Terriens et à une capacité égale à investir.

Mais pour comprendre cela, il fallait conceptualiser la classe formoise, la classe innovoise, il fallait produire tous les concepts éclairant le capital humain d'un point de vue néo-marxiste, dia-marxiste et post-marxiste. Il fallait enfin produire le concept de lutte des strates.

C'est l'aspiration à l'égalitarisme qui est une aspiration à un véritable humanisme qui est le moteur de la recherche scientifique : les classes exploiteuses ne peuvent que se mentir.

C'est pourquoi, un Éric Hobsbawm ne comprend plus rien. Il consomme plus que sa part humaine. Et, en conséquence, il se ment, et reste aveugle.

Il n’y a pas de «retour à Lénine» en vue ?

YT : Bien évidemment que oui. Mais pas celui que croit voir venir la bourgeoisie ou la formoisie !

Le Lénine que les générations futures, dans 50 ans, verront dans les livres d'Histoire portant sur nos années contemporaines, ce sera, tout d'abord, le philosophe, le gnoséologue.
C'est le principal Lénine qui apparaitra.
C'est le gnoséologue dont les thèses – héritées de Engels – auront fondé philosophiquement le retour à Newton et donc permis la découverte scientifique du siècle – la connaissance de notre vitesse absolue dans le vide. C'est l'auteur de la gnoséologie qui aura permis l'abandon total des absurdités relativistes de Albert Einstein. L'abandon de ces absurdités positivistes, empiristes crypto-idéalistes qui auront empoisonné la recherche scientifique et permis à une caste de charlatans de bloquer le progrès pendant plus d 'un siècle.

Le deuxième Lénine qui apparaitra dans 50 ans, de façon rétrospective, ce sera celui qui sera passé toute sa vie, à coté du concept de formoisie tout en la combattant : aristocratie ouvrière dénoncée fermement en Grande Bretagne et dans les métropoles impérialistes dont les contours étaient quasiment ceux de la classe formoise, économistes réformistes combattus dans « Que Faire » - ces apologistes de « économisme » dont l'idéologie était celle de la classe formoise -, mencheviks formois combattus de Février 17 à Octobre.
Un Lénine dont l'ouvrage « L'État et la révolution » était un manifeste égalitariste anti-formois, mais aussi un Lénine qui ne sut pas écouter les appels de Kollontaï et de Chliapinikov, ces deux militants aux faibles niveaux de formation, mais qui avaient vu, dès 1918, les déguisements pris par cette classe formoise pour préparer son Thermidor contre révolutionnaire. Un Lénine qui commis l'erreur absurde, stupide – et historique - d'interdire leur tendance « Opposition ouvrière » anti-formoise.

Les épistémologistes de 2059 seront occupés à clarifier le pourquoi de ce point aveugle chez Lénine et les autres : ne pas voir le « capital humain », ne pas voir la plus-value extorquée par le travail complexe, et donc, ne pas voir la nature de classe de la formoisie, ne pas voir sa haine de classe contre le partage égal des revenus, et donc, ne pas voir leurs ennemis staliniens grossir en pouvoir, en méchanceté féroce, en souterraines manigances.

La crise financière actuelle ouvre-t-elle la voie à un possible «après-capitalisme» ?

YT : Ni plus ni moins que la chute des États formois à partir de 1989. Le capital financier ne va pas se laisser faire sans réagir : Tous ceux qui nous annoncent une nouvelle social-démocratie aux USA se trompent autant qu'ils se trompaient il y a 5 ans dans leur « Histoire sans fin ».

L'alliance bourgeoisie-formoisie est terminée :
c'est l'innovoisie qui veut le gateau formois.

La loi HADOPI est là pour nous le rappeler. Cette classe innovoise, si l'Histoire lui en laisse le temps, développera son idéologie : ce sera un dénigrement des activités productives de la formoisie. L'innovoisie parlera du travail répétant des formois comme les artisans et les bourgeois parlaient, au 19° siècle du travail des paysans : il fallait en justifier la faiblesse des revenus. Ce sera le cas pour les formois. On parlera d'eux comme on parlait des campagnards. L'enseignant ignare et répétant, incapable de programmer, sera, bientôt, une cible à ridiculiser.

Et tout ralentissement dans la « Stratégie du choc » - décrite par Naomi Klein – « chocs » que la bourgeoisie inflige à la classe formoise aura pour résultat de faciliter le retour aux aspirations de l'avant 11 septembre : les rebellions des jeunes Kabyle deviendront les rebellions de tous les jeunes proto-formois de la planète.

La valeur du travail répétant, tout le monde pourra le constater, diminuera à mesure du développement de la robotique. Et donc, l'activité économique de la classe bénéficiaire des 30 Glorieuses aura de moins en moins d'utilité sociale. D'autant plus que le développement des luttes révolutionnaires chez les peuples exploités du Sud réduira comme peau de chagrin la quantité de butin colonial à répartir.

Il en résultera donc 6 révolutions dont 3 révolutions sociales : 3 révolutions qui abattront les droits à l'actionnariat, au salariat qualifié et aux droits d'auteur. Le concept Parvus-Trotsky de « révolution permanente » connaître une nouvelle jeunesse, par son application à deux nouvelles classes imprévues. Et le rôle tenu en 1905-1917 par les féodaux, tenu, cette fois-ci, par la classe bourgeoise.

Et, de surcroit, une double révolution philosophique et scientifique.

L'ensemble de ces 5 révolutions s'inscrivant dans une 6°, une révolution civilisationnelle qui rétablira le lien entre les rapports sociaux et le développement actuel des forces productives : un égalitarisme libéral qui donnera le leadership à la strate des travailleurs innovants. Une révolution civilisationnelle abolissant définitivement toutes les classes sociales.

Le retour à Marx a donc commencé à la City ?

YT : Oui mais pas comme certains se le sont imaginés. Les propos d'un Warren Buffett sur la lutte des classes et la victoire de la sienne, sont d'une importance historique dérisoire. Si un François Ruffin en fait son fonds de commerce, il ne peut le faire que du point de vue social-démocrate colonialiste qui est le sien. Ce n'est pas la classe des travailleurs qui a perdu. Cette classe n'est pas plus une classe que le Tiers État n'en était une. C'est la formoisie qui a perdu. Mais ni la City, ni WWW, ni Warren Buffett n'ont encore compris l'existence de la classe formoise, ni, donc, de la classe innovoise.

Le rôle de la City ce fut simplement, en aspirant la plus-value semi-esclavagiste chinoise et la plus value esclavagiste africaine, de donner le pouvoir économique, puis politique, à la couche financière du capitalisme. C'est cette couche sociale qui a pris les commandes du combat contre la formoisie.

Les écarts de revenus actuels en sont le résultat : En volant les voleurs de l'innovoisie, en réduisant la part du butin aspiré par les exploiteurs de la strate innovante, ils ont contribué au discrédit actuel.

En effet, un Bill Gates consomme moins que la valeur faussée de ce qu'il a produit. Dans une société qui a renoncé à distribuer les fruits de la « productivité ancestrale », un Bill Gates n'est pas un voleur. Il aurait pu trouver des arguments pouvant justifier le rôle « progressiste » de l'innovoisie.

Mais les innovois, verrouillés par les capitalistes, en sont maintenant réduits à jouer les Fermiers Généraux fascistes et à voter des 1984-loi HADOPI pour racler ce qu'ils peuvent racler.

C'est cela le résultat du pouvoir du capitalisme financier.

Des solutions à la crise peuvent-elles venir de l’expérience communiste ?

YT : Quelle « expérience communiste » ?

La seule qui ait existé a cessé à la fin du mois de décembre 1921. Ce mois-là, le salaire d'un ingénieur et d'un ouvrier étaient, en Russie, au même niveau. En janvier 1922, l'écart a commencé à se creuser. Et c'en était fini de l'égalitarisme.

Maintenant, pour l'avenir, seul l'égalitarisme permettra la construction d'une Humanité humaine : 1000 euros pour chaque Terrien de plus de 14 ans, une demi-part de 500 euros à consommer pour les plus jeunes - avec une partie versée directement à chaque enfant.
Droit de vote, de délégation révocable et d'investir à partir de 7 ans : 300 euros pour tous à investir par mois (30 euros soit UN euro par jour à partir de 7 ans)

En renationalisant l’économie ?

YT : En socialisant tout ce qui est immeubles et meubles de production collectifs.
Mais l'investissement fixe et circulant, étant dans les mains des citoyens, la possession de tel ou tel local ou machine ne pourra avoir de conséquence qu'à condition que les matériaux arrivent, que l'énergie arrive. Et ce sont tous les citoyens de plus de 7 ans qui en contrôlent la circulation.

Mais, ce sera la fin de la planification Staline-Besancenot : les formois ne pourront plus arguer de cela pour prendre leurs gros salaires.

Les produits immatériels seront gratuits. Ils circuleront librement sans la surveillance fasciste des lois Olivennes, des lois de l'innovoisie fasciste.
La force de travail sortie du marché, les biens matériels seront, en conséquence soumis aux lois du marché. Le vrai ! Des lois du marché sans publicité ni manipulation du consommateur.

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Voilà quelles furent les réponses de Éric Hobsbawm aux six questions posées par Éric Aeschimann :
L’idée communiste telle qu’elle ressurgit aujourd’hui peut-elle nous aider à comprendre et à transformer le monde ?

Je ne crois pas. Comme programme, le communisme n’existe plus : le «socialisme réel» du bloc soviétique a été brisé et il n’y a aucune chance qu’on remette à l’ordre du jour l’idée d’une économie entièrement planifiée et centralisée. Idée qui n’avait jamais été celle de Marx. En réalité, le principal apport du communisme a été l’idée d’une avant-garde révolutionnaire : le Parti. Les partis communistes ont été des constructeurs permanents de sociétés et d'États. Après la guerre, le parti communiste italien, qui comptait 5 000 militants, a su en deux ans devenir un parti de centaines de milliers de personnes, capable d’attirer des millions d’électeurs. Au Vietnam, le PC, minoritaire, était structuré pour être la base de quelque chose de plus grand : une société. Mais tout cela a été rendu par des circonstances économiques et sociales qui ne sont plus.

YT : Étrange apologie des partis staliniens qui verrouillèrent l'Histoire. PC Italien qui bloqua l'Italie pendant des décennies pour finir par un suicide formois « eurocommuniste ». PC Vietnamien qui assassina ses opposants trotskystes.
La nature de classe du recrutement du PC russe au cours du printemps et, surtout, de l'été 1917, recrutement anti-formois d'ouvriers à faibles qualification opposés à l'inégalitarisme des menchevik, cela passe sous la trappe !

Comme la véritable réponse à la question.

Il n’y a pas de «retour à Lénine» en vue ?

Le libéralisme a sous-estimé les aspirations et les succès des mouvements communistes. On a voulu les jeter entièrement à la poubelle, en faire de simples excuses pour fonder des goulags. Cette mythologie, qui date de la guerre froide, n’est pas encore morte. Elle reste par exemple très vive au Parlement européen, où l’on continue de passer des résolutions contre le totalitarisme comme si on était dans les années 60. Aujourd’hui que le capitalisme est en crise, le retour de l’idée communiste est surtout une façon de répondre à la propagande libérale.

YT : Les « mouvements communistes » ? Il n'a pas encore compris (ou il a oublié) que le « mouvement communiste » auquel il fait allusion est formé des assassins des Bolchéviks, des assassins des trotskystes. Abracadabra : le stalinisme a disparu !!!
La crise financière actuelle ouvre-t-elle la voie à un possible «après-capitalisme» ?

La fin du communisme a été symbolisée par la chute du mur de Berlin : ce jour-là, tout le monde a compris que l’expérience était irrévocablement terminée. Eh bien, le capitalisme vit une situation analogue : depuis septembre , chacun sait que le retour à l’idéologie du laisser-faire économique n’est plus possible. Le «laisser-faire» est fondé sur l’idée que tout homme est considéré comme poursuivant des intérêts rationnels, qui se rencontrent et s’équilibrent par un marché autorégulé. Telle est la «théorie du choix rationnel» et toute restriction au marché y est vue comme une entrave à l’avènement du meilleur des mondes. Avec le recul, cela semble ridicule. Du reste, les économies qui ont connu depuis trente ans les plus fortes croissances n’obéissent pas du tout à la théorie du libre choix du consommateur : le Japon, la Corée, plus tard la Chine. Ce n’est qu’en 1998-1999, avec la crise asiatique, que les milieux d’affaires ont commencé à se dire que quelque chose ne marchait plus. Et à redécouvrir Marx.

YT : L « expérience » ? Il appelle « expérience » 72 années de dictature formoise, de dictature sanguinaire, imbécile et barbare de la classe formoise. Il appelle « expérience » les internements psychiatriques des opposants à Brejnev, il appelle « expérience » la surveillance manipulatrice des stalino-fascistes de la Stasi est-allemande, il appelle « expérience » l'assassinat de Trotsky en 1940 ?

Quant à la « crise asiatique », il semble ne même pas avoir pris connaissance des thèses – lucides – de Naomi Klein : les vautours de la finance qui ont repris pied en Corée et ailleurs ne sont certainement pas dit que « quelque chose ne marchait plus ». Bien au contraire. De la même façon que les vautours de la Nouvelle Orléans ne sont pas devenus climatologues, le vautours de la City ne sont pas devenus des disciples de la plus-value. Seuls quelques individus ont commencé à craindre les mouvements populaires au niveau mondial que l'opération « 11 septembre » interrompit momentanément.

Le retour à Marx a donc commencé à la City ?

Je me souviens d’un déjeuner avec le spéculateur George Soros durant cette période : il m’avait demandé ce que je pensais de Marx et m’avait fait l’éloge de ses prédictions sur le développement frénétique du capitalisme. C 'était au moment où Long Term Capital Managment venait de connaître une faillite retentissante. Ce fonds de placement était géré par deux prix Nobel, qui avaient calculé le risque d’un effondrement de leur fonds à une chance sur plusieurs millions… Tout le monde sait qu’il y a toujours des risques. Si Marx intéresse les banquiers, c’est parce qu’il dit que l’essence du capitalisme n’est pas la stabilité, mais la crise.

YT : On apprend que Hobsbawm déjeune avec le vautour spéculateur Soros. Il est vrai que Henry Ford rêvait de diner avec Adolf Hitler.

De qui se moque-t-on ?

Deux Nobel se fourvoient en jouant aux spéculateurs ? Cela nous indique que la création d'un Nobel d'économie gérée par des crétins idéologues bourgeois allait donner les mêmes résultats que pour le Nobel de physique : charlatanisme, baratin, magouilles de caste.

Des solutions à la crise peuvent-elles venir de l’expérience communiste ?

YT : Éric Aeschimann reprend le terme absurde de « expérience communiste ».Il semble ignorer que Trotsky, dans son « La Révolution Trahie » montrait que les écarts de salaire avaient atteint en Russie des niveaux inconnus en Occident.

Notre situation est comparable à celle des années 1929-1933, quand le système, qui obéissait lui aussi à la doctrine du «laisser-faire», s’est effondré. «Never again»est devenu le nouveau mot d’ordre et, de fait, les gouvernements ont fait plein de choses inimaginables pour les libéraux : donner la priorité absolue au plein emploi, intégrer les mouvements ouvriers à la gestion des entreprises, construire l'État-providence. On a même emprunté certaines innovations soviétiques, comme le calcul du produit national brut, inventé par un économiste du Gosplan qui est devenu américain, et qui est une façon de considérer l’économie, pour la première fois, dans son ensemble. Aujourd’hui, l’exemple de la Chine est très clair. L’ancien système maoïste assurait le plein-emploi et la protection sociale grâce aux conglomérats publics. Depuis que ceux-ci ont disparu, les millions de paysans qui affluent dans les villes n’ont plus rien. En période de croissance, le problème n’est pas trop difficile à gérer. Mais maintenant qu’il n’y a plus de travail, ces démunis deviennent un problème politique dont tous les gouvernements devront tenir compte.

YT : « Il n'y a plus de travail » ? Quelle foutaise ! Il suffira de rendre l'investissement aux citoyens. Et même, simplement, si les Africains et les Chinois disposaient de 1000 euros par mois, la relance serait immédiate !!!!
Seuls les mangeurs de miettes auraient leurs larmes pour pleurer.
Mais il faudra procéder à l'arrestation des familles Bolloré, Bouygues et de tous ces gangsters esclavagistes de l'Afrique pour cela !
Quant aux années 30, quid de la montée révolutionnaire anti-capitaliste ?
Hobsbawm semble ignorer 1919 et 1923 en Allemagne, 1927 en Chine etc …. Il semble ignorer que le keynesisme n'est pas une réponse économique mais une réponse politique à la crise économique qui s'est surajouté à la crise politique. L'alliance de classe bourgeoisie-formoisie mis en place par Roosevelt, qui sonnera le début de la coexistence pacifique des Trente Glorieuses ne fut pas mis en place à son arrivée. Mais quand il eut une crainte de soulèvement social. Mais dans sa réponse, Hobsbawm ne fait aucune mention de ce que le journaliste lui a demande !
En renationalisant l’économie ?

L’opposition entre marché et planification, comme si chacun était exclusif de l’autre, n’est plus d’actualité. L’étatisme, version extrême du socialisme, a fait faillite ; le libéralisme, version extrême du capitalisme, est en train de connaître le même sort. Les économies du nouveau siècle devront être mixtes. La différence ne se fera plus dans la structure, comme on le croyait, mais par les fins à atteindre : s’agira-t-il de promouvoir le profit individuel ou bien de réduire les inégalités, de multiplier les capacités de tous… Et c’est là que l’on retrouve non seulement Marx, mais aussi la tradition socialiste.

YT : L'ami de la formoisie et de l'innovoisie cherche à ménager les rêves de ses bases sociales. Nous lui prendrons TOUT ! Nous prendrons tout aux capitalistes. Ils devront rembourser tous les dégâts.

Il restera LOCATAIRE – avec un loyer concurrentiel mis, chaque année aux enchères libérales, , il aura – comme tout les Terriens de plus de 14 ans - 1000 euros par mois à consommer et 300 euros à investir.

Le libéralisme sera égalitariste et l'égalitarisme sera libéral : les planificateurs pourront faire comme Besancenot, un blog de « conseils en planification ». Les crétins qui voudront suivre les conseils de ces néo-staliniens les suivront si cela les amuse. Mais nul bureaucrate - élu ou non - n'aura plus jamais le POUVOIR de CONTRÔLER l'INVESTISSEMENT.

Il faut vraiment être un formois demeuré pour ne pas voir la faillite absolue de toute tentative de planification. Planifier n'a servi qu'aux planificateurs à justifier leurs gros salaires de formois.

COUVERCLE CARBONE : POINT AVEUGLE DES DEUX DÉBATTEURS

Concluons par le point aveugle, point aveugle commun à l'intervieweur Éric Aeschimann et l'interviewé Éric Hobsbawm : comment parler de tout cela, comment parler de l'avenir et du 20° siècle sans commencer par évoquer le problème historique numéro UN posé à l'Humanité par le désastre laissé par les TROIS classes criminelles écologiques; UN COUVERCLE de 200 milliards de tonnes de carbone au-dessus de nos têtes.

Le tribunal de l'histoire, juste avant les condamnations des coupables de crimes coloniaux – y inclus le crime génocidaire Rwanda 1994 socialo-gaulliste et le crime sanitaire Chirac-Bouyghes-Bolloré-Sarkozy, prononcera les condamnations sans appel de ceux qui ont mis en danger pour plus d'une siècle le berceau de l'humanité, la Terre : les trois classes exploiteuses, bourgeoisie, formoisie et innovoisie.

Que Hobsbawm ne parle ni de cela ni des crimes persistants du colonialisme nous montre l'effondrement intellectuel total de celui-ci.

Il est bon pour les placards de l'Histoire. La rédemption égalitariste – le renoncement de l'exploiteur à ses privilèges et la reconquête conséquente de la lucidité et de l'intelligence - est rarissime en cette matière.



POST-SCRIPTUM 1 pour l'auteur du dossier et de l'article : En remerciement de son travail intéressant, je fais cadeau d'un « É » accentué majuscule à Éric Aeschimann. J'ai bien remarqué son agacement d'être contraint à « minusculer » l'initiale de son prénom. Sa signature « éRIC AESCHIMANN » est inélégante. Moi aussi, j'oublie tout le temps le moyen technique de récupérer directement sur le clavier ce « É » accentué. J'ai une ruse : j'écris le mot LIBERTE en y ajoutant un « E » supplémentaire, à la fin. Et mon correcteur me redonne « LIBERTÉ »... d'où je récupère le « É » pour l'utiliser ailleurs. Dans « Égalitarisme », par exemple.

Mais c'est provisoire : la montée révolutionnaire contraindra les ordinateurs, Words et Open Office à écrire directement « Égalitarisme » et « Égalitariste ». Nous sommes patients.

POST-SCRIPTUM 2 : Que l'auteur Éric Aeschimann continue – comme il le fit avec Alain Badiou - à aller piéger ainsi les autres charlatans du baratin formois « post-stalinien ». Démasquer les potiches du baratin lui donne un rôle historique dans le processus révolutionnaire actuel. Le combat sur le front des idées est le combat fondamental. Et démasquer les imposteurs est la priorité numéro deux, juste après la production et la vérification concrète des concepts. Cela vient même avant le travail propagandiste car leur rôle d'idéologue fumeux empêche les gens curieux d'aller procéder à l'étude des idées nouvelles.

Notes

* J'avais lu 5 phrases de lui avant cette interview - dont deux citées par, me semble-t-il Sting.

J'ignorais avoir affaire à une belle crapule stalinienne. Est-il encore militant formellement d'un parti défenseur du crime formois ?

Engagement politique (Wikipédia)

Eric Hobsbawm adhère à un groupe de jeunes socialistes en 1931 et au parti communiste en 1936. Il est membre du Groupe des Historiens du Parti Communiste de 1946 à 1956. L'invasion soviétique de la Hongrie en 1956 marque la fin de ce groupe et conduit la plupart de ses membres à quitter le parti communiste britannique. Hobsbawm est le seul à rester membre du parti, allant jusqu'à justifier à l'époque, « le cœur lourd », l'intervention soviétique[2]. Revenant en 2007 sur cette période, il explique qu'il ne se faisait pas d'illusions sur le régime soviétique mais qu'il se sentait lié comme par un cordon ombilical à l'espoir d'une révolution mondiale[3].

*pour la France

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