A) Thèse Le Film « Le caïman »
Je ne veux pas savoir ce que Nanni Moretti aurait écrit par ailleurs. Je l'ignore et ce n'est pas l'objet de ce texte.
Son film, sa charge contre Silvio Berlusconi, contre le bourgeois Berlusconi, contre le capitaliste Berlusconi est affligeante.
Une charge autiste et vaine.
Une charge de cavalerie dans le vide de la double pensée vide de l'innovoisie et de la formoisie.
Où sont les chômeurs ? Où sont les pauvres ? Où sont les Africains ? Où sont mêmes passés les immigrés issus de la destruction de l'État Yougoslave par l'impérialisme ?
Expulsés du film comme ils ont été expulsés de « Bienvenue chez les Ch'tis » par Dany Boon.
Les innovois vivent dans une bonbonnière.
La seule misère de ce film est la misère psychologique du crétin machiste italien – idéologie de la formoisie imitée de la bourgeoisie, misère psychologique de ces deux femmes imbéciles hétérophobes qui vont profiter de législations barbares comme celle de la Hollande – nous dit-on – pour priver une malheureuse enfant du droit – psychologique, émotionnel et scientifique – d'avoir un père et une mère.
Mais Moretti se rend-il seulement compte de la misère barbare de ces deux femmes qui ont un jouet à leur disposition ?
Misère de l'acteur principal jouant Berlusconi et ses fantasmes d'un 36 15 Ulla gratuit par portable interposé – fantasme sur le trajet de son « actrice » partenaire contrainte à pareilles soumissions verbales – et gestuelles à distance.
La misère des SDF que produisent les Berlusconi et ses maitres, la seconde misère produite par l'impérialisme italien disparaît de l'image de Moretti – comme elle est absente du cerveau du formois italien.
La seule allusion à la perspective égalitariste est totalement ridiculisée par les simagrées des mao-staliniens du début du film : Moretti nous présente la notion de partage égal de la consommation comme le travers d'une bande de malades mentaux dignes de l'asile psychiatrique que sont les membres du public de la cérémonie religieuse réaliste socialiste qui nous est étalée comme une cérémonie d'hystérie collective de crétins aux sourires hagards.
Introduction du Caïman :
« Comme le dit Mao : « Le monde est à vous, comme il est à nous, mais au bout du compte, il est à vous ».
Nous autres, marxistes-léninistes, nous sommes pour une vie simple, même les cadres du parti doivent vivre comme des ouvriers.
Et quand les fils de riches viennent nous voir, avec leurs cheveux longs et leurs habits à la mode, nous leur disons : « Si vous voulez travailler pour le parti, vous devez donner au parti tout votre argent. Sinon on n'a pas confiance ».
Notre organisation doit bâtir le parti vraiment révolutionnaire, en détruisant la clique révisionniste du PC et des syndicats qui a trahi le peuple italien pour se mettre à la solde de la bourgeoisie et du gouvernement.
Ce couple qui célèbre son union, se battra contre toute déviance économiciste et tout intellectualisme qui prêche des absurdités (...)
Mon nom est Aïdra ….
La police, je suis piégée ! »
La principale misère des maitres de la droite et de la gauche italienne, le crime principal de l'impérialisme italien, le pillage impérialiste n'apparait pas à l'écran : morts d'Afrique, morts d'Irak, morts victimes de la barbarie européenne ont disparus.
Parler de Berlusconi sans parler du pillage du Nord par le Sud, ce serait parler de Hitler avec un film sur la Bavière en 1937.
Il faudrait un autre talent que celui mis à l'écran dans le Caïman pour y parvenir.
Parler de Berlusconi sans parler de ce que veulent ses adversaires est une pitrerie partisane. Une sorte de clownerie à la Ségolène Royal !
Que veulent donc les Moretti ? Que proposent-ils ?
Que veulent les Eva Joly et autres juges d'Europe ?
Que veulent ces incorruptibles ? Ces Eliott Ness de l'Italie, de France, d'Europe ?
Mais rien d'autre qu'augmenter la part du pillage colonial de leur base sociale.
Berlusconi, le charlatan, le bateleur, l'escroc, le proto-fasciste a raison : les juges ont une base sociale !
Tous les pouvoirs ont une base sociale !
Le juge du 18° siècle qui rendait justice en faveur de la Ferme Générale avait une base sociale : la Ferme et ses actionnaires – bourgeois et nobles investisseurs.
Moretti a une base sociale : la formoisie italienne qui crache sur le Tiers Monde, qui veut plus que sa part de 1000 euros par mois.
C'est une base sociale.
Moretti a une base sociale : ces hétérophobes qui veulent acheter des enfants comme on achète des jouets à Noël ou comme les michetons vont se louer les services des putes : les auto-proclamées lesbiennes qui au dela du droit – naturellement humain – de vivre à deux, ou trois ou plus, avec qui l'on souhaite, veulent, exigent , proclament leur droit inaliénable a faire croire à un enfant-marionnette qu'il aurait deux mères ou deux pères.
Ces réactionnaires aux manières progressistes, ces esclavagistes d'un genre nouveau sont une base sociale.
La classe innovoise produit beaucoup de ces dégénérés psychologiques qui se croient revenus dans la Rome d'après Polubos, dans la Rome d'après la conquête de la Grèce quand il était de bon ton d'aller en Epire ou dans le Péloponnèse acheter son petit esclave homme adolescent qui sera soumis à la pathologie machiste hétérophobe des sénateurs et des riches chevaliers bourgeois de Rome. Cela révulsait Polubos et certaines vieilles familles romaines comme certains des Cornelii.
Maintenant, nous révèle Moretti – sans un soupçon de critique – le riche innovois italien va faire son marché en Hollande.
Décadence d'un pays. Mais le carnaval, la kermesse, la gaudriole, le cirque, le Barnum ridicule n'est pas seulement là où Moretti croit le voir, là où le producteur polonais du film croit le voir.
Nanni Moretti ait partie du Barnum, il est un des dégénérés, il est un des membres de ces classes en putréfaction.
C''est la dégénérescence de la formoisie italienne qui est la principale cause du berlusconisme : ne pas transformer les partis du « mai rampant » de l'après 1968 en partis égalitaristes cela sera payé très cher par les ouvriers italiens. Le cadeau qu'ils recevront de leur crétinisme formois, ce sera l'abrutissement bourgeois total.
Je ne peux pas totalement exclure qu'un Moretti formidablement cultivé ait pu glisser, dans le tout début du film, une clé phénoménale qui donne, par elle-même la complète explication de tout ce que je viens d'écrire.
Car, il est totalement avéré qu'un mot qui apparaît dans les tous premiers dialogues donne la clé de ma découverte du concept de formoisie.
C'est le mot «économisme » - ou « déviance économiciste » dans les sous-titres de la VO.
Ce mot, ce concept d' « économisme » est au cœur du dispositif théorique du livre « Que Faire » . Mais Lénine – et il en est (doublement) mort, mort de la main de Staline et mort de la main de la criminelle SR Fanny Kaplan, n'en a rien compris de ses déterminations de classe. Lénine aura tourné toute sa vie autour du concept de formoisie. Mais il n'aura pas osé attaquer l'erreur de Marx, Lénine n'aura pas osé attaquer l'absurde limitation du concept de capital à celui de « capital-machine » et n'aura ni compris le concept de « capital humain » et encore moins sa nouvelle transcroissance en « capital inventif ». Lénine, au-delà de son attaque contre l' « économisme » n'aura découvert ni « la formoisie », ni « l'innovoisie ».
Moretti nous aurait-il glissé le mot, le concept de formoisie sous le terme d'économisme.
Les probabilités sont ridiculement petites.
Non, c'est juste un crétin innovois qui ricane d'une chose qu'il n'a pas comprise.
Quand en France, au début du 20° siècle, le formariat, le véritable prolétariat, imposait les syndicats d'industrie contre le choix - de la formoisie naissante - des syndicat de métiers, en Russie, cette même formoisie, organisée dans le parti menchevik, cherchait à pousser la lutte vers un gain local d'augmentation salariale, cherchaient à favoriser la constitution d'une formoisie.
Mais ils avaient en face d'eux un tsarisme qui préférait – avec le ministère Stolypine – construire une bourgeoisie paysanne.
L'économisme, c'est la ligne politique de la formoisie : quémander les miettes des puissants.
Moretti est un innovois à base sociale formoise et innovoise : il vaut continuer à vivre grassement sur les miettes du pillage colonial.
Mais sans devoir subir les pitreries archéo-mussoniliennes d'un Berlusconi.
C'est tout.
B) Antithèse : Nanni Moretti, le militant du faux-trotskysme formois.
Les bonus DVD sont une excellente chose.
J'ignorais que Nanni Moretti fut trotskyste.
C'est lui qui nous en fait l'aveu.
Je chercherai tout à l'heure – connecté sur Internet - le nom de l'organisation dans laquelle il milita.[NdY 20/04 : elle n'est pas donnée]
Cela m'a profondément amusé d'avoir écrit l'article qui précède dès la fin du film, avant même de regarder les bonus. Écrire contre un innovois autiste en ignorant ses prétentions à un passé « trotskyste ».
Nanni Moretti dit qu'il a été « trotskyste ».
A minima il l'a cru.
Il l'a cru, car beaucoup de petits formois, beaucoup de moyens formois et, surtout, beaucoup de grands formois le crurent.
Faire une réunion par semaine, acheter Que Faire et le poser dans sa bibliothèque avoir parcouru le premier chapitre – sans rien comprendre – et distribuer 30 tracts par semaine, fut pour certains l'alpha et l'omega de la « participation » au trotskysme, le diplôme de base du préparateur de révolution.
Ah, j'oubliais, la veste en cuir nécessaire au cow-boy de l'aile activiste de la Ligue Communiste du 21 juin 1973.
Nanni Moretti croit avoir été trotskyste.
Cela explique la haine qui suinte dans le début de son film. La vieille haine des faux-trotskystes formois pour les égarés mao-stals, les mao-staliniens.
CONTRE L'ÉGALITARISME DE L'AILE GAUCHE DU MAOÏSME
Mais cette haine est la haine de la formoisie pour l'égalitarisme. Ce n'est pas l'égarement pro-stalinien qu'ils condamnaient, ce n'est pas le culte de la personnalité imbécile pour Mao qu'il condamnait.
Non, leurs mobiles étaient bien davantage honteux et inavouables.
Et Nanni Moretti , l' « ancien trotskyste » vient de rendre un service appréciable à la révolution par l'aveu extraordinaire qu'il nous fait dans l'introduction de son film. Son aveu EST l'introduction du film : la haine viscérale et pathologique des exploiteurs contre l'égalitarisme.
Les « faux trotskystes » haïssaient l'égalitarisme qui fut refracté par Mao Tse Toung et les maoistes chinois. Ils haïssaient la mobilisation des pauvres.
S'il y a bien une chose qui m'est apparue pleinement en 1993, par la conceptualisation de la formoisie, c'est bien le fait que les trotskystes de 1968-1972 craignaient les mobilisations des pauvres que tentaient d'organiser les mao-stals de France.
Si l'établissement fut une stupidité sans nom de la part des maoïstes français – stupidité que les faux-trotskystes de la LCR rééditeront dix ans plus tard, d'ailleurs, sous la pression du SWP castriste étasunien – la critique qu'en faisait la LCR contenait une partie de l'arrogance de classe (formoise) qui fut la ligne politique secrète de la LCR.
La haine de la formoisie pour les égalitaristes se réfracte dans les absences que signalait la première partie du texte : absences des SDF, des pauvres, des chômeurs, des Africains, des Yougoslaves en fuite.
La haine de Moretti, de l'innovoisie et de la formoisie se réfracte dans le fait que le berlusconisme fit ses premières victimes hors des frontières de l'Italie : La bonbonnière à la Amélie Poulain du film de Nanni Moretti est à l'image de la vie qui est la sienne.
Les 1000 euros du salaire d'un homme honnête sont une fraction ridicule de ce que l'innovois Moretti consomme.
Et sans même donner en retour, à l'humanité, le contenu de productivité historique qui est celui des « Carla's Song », d'un « Vent se Lève » ou même d'un « Grande Vadrouille » de Gérard Oury ou d'un film structuré au millimètre d'un géomètre de l'humour et de l'aventure comme Jean-Paul Rappeneau.
SYNTHESE Un film formois-innovois raté.
Le Caïman est raté.
Une stupidité violente, d'une violence intolérable.
Une violence intolérable à la fin du mariage, une violence intolérable dans la scène du critique gastronomique.
Et pire encore, la succession de la violence de la destruction du pull-over et de la scène du concert, révèle la vacuité actuelle de l'art de Nanni Moretti.
Un ami réalisateur me faisait part de l'anticapitalisme qui serait contenu dans la « Nuit des Morts Vivants ».
Si des crétins – informés préalablement – peuvent voir dans ce film de ressuscités une critique caustique du CAC 40 – du Dow Jones ! -, je crois que la « Vie fabuleuse de Jérôme Kerviel » ou « une journée de Bernard Tapie » seraient des films d'épouvante largement plus accessibles à tous les publics.
Des films d'épouvante qui nous épargneraient la confusion – absurde – des genres à laquelle Nanni Moretti s'est livré.
Mais il faut relever, en conclusion que l'espoir se glisse quelque part dans ce film.
Mais seul le casting de Moretti en est responsable : la lueur d'espoir, la lueur d'humanité, la lueur de rebellion qui donne de l'avenir une image positive se trouve dans le visage, le sourire, les gestes d'une seule personne.
Et ce ne sont aucun des enfants : si leur gentillesse est supérieure à celle des adultes du film, ils ne sont néanmoins pas du tout dans le peloton de tête de leurs camarades de cohorte.
Non, l'humanité espérante est incarné par l'actrice Jasmine Trinca qui tient le rôle de la réalisatrice.
Comme, pour la droite des romans-photos, l'actrice Allessandra Cellini fut l'incarnation de la gentillesse, l'incarnation vivante de ce que l'humanité contient de meilleures, non seulement par les rôles qui lui étaient donnés mais aussi par sa gestuelle photographiée mais aussi et surtout par son sourire qui reflète la part d'humanité que l'enfance contient et que certains adultes comme Allessandra Cellini parviennent à conserver.
Jasmine, dans les rôles où l'invasion cosmétique ne vient pas tout gâcher a, elle aussi, ce sourire qui fit dire à Christiane Rochefort qu' « un adulte, c'est un enfant qui s'est fait acheter ».
Le rôle qu'interpréte, que vit, qu'incarne Jasmine Trinca est celui d'une rebelle qui veut faire un film sur Berlusconi. Elle porte en elle toute l'humanité.
Il est dommage que par caprice, et arrogance, Moretti ne l'ait pas laissé faire ce film : les extraits que l'on en a – en particulier la scène où l'on voit les fesses des danseuses d'un « Collaro Show » à l'italienne sont d'une drôlerie réaliste extraordinaire.
Moretti – et Jasmine Trinca – avaient là un acteur excellent pour interpréter Berlusconi et en faire un film entier.
Au lieu d'y ajouter un deuxième et un … troisième Berlusconi, en sus des bandes d'archives, il fallait garder celui-là uniquement et lui adjoindre les déportés, les absents, les SDF, les pauvres, les chômeurs, les Africains, les Yougoslaves et …. des travailleurs égalitaristes en lutte.
Des travailleurs capables de se mettre en lutte en partageant - 1000 euros chacun – dans une lutte pour empêcher la fermeture de leur entreprise. Un Lip 2009 italien qui ferait tâche d'huile à Milan ou à Rome en incitant tous les travailleurs à se contenter de 1000 euros par mois. (500 pour les moins de 14 ans).
Mais cela, c'est le scénario d'un autre film.
Un film qui montrerait que – en réalité - Berlusconi est simplement le produit de la vacuité formoise et de l'impotence innovoise. Le produit de la vacuité de la gauche réformiste. Le produit de la vacuité de la gauche « radicale ». Le produit des classes formoises et innovoises. Rien d'autre. Absolument rien d'autre.
Mais, cet autre film, Nanni Moretti ne l'a pas fait.
S'il lit un jour ces lignes [je tenterai d'avoir rapidement une traduction vers l'italien], j'ai trois conseils à lui donner.
1° Faire premier assistant de Ken Loach et Jean-Paul Rappeneau : deux antipsychanalyses constructives. Il aura beaucoup à apprendre. Surtout s'il était accepté comme troisième ou quatrième co-scénariste.
2° Étudier l'économie, la sociologie, la philosophie et entrevoir notre prochaine victoire, celle de l'égalitarisme. L'artiste – Nanni Moretti semble le comprendre – doit réfracter les indices de l'avenir. Encore faut-il le pouvoir.
3° Et enfin, en travaux pratiques, aller lire John Brunner et son « Virus ». Ce serait un excellent travail pour Nanni Moretti afin d'apprendre à faire du cinéma : le temps du nombril de Woody Allen est achevé. Quand bien même nous avons tous des nombrils.
NOTES ET EXTRAITS
Nanni Moretti parle :
15 décembre. Aujourd 'hui je suis un peu distrait (…) je pense au discours que je dois faire ce soir lors d'une manifestation devant le parlement : [image suivante, arrivé sur place il le proclame ] « Je pense à la caricature qu'a dressé de nous la gauche radicale qui souhaite d'éloigner de la gauche réformiste. Moi qui suis un modéré, j'ai fait un rêve une gauche modérée qui soit intransigeante.
je ne trouve pas les extraits en français
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