vendredi 10 avril 2009

« Bienvenue chez les Ch'tis », le "Amélie Poulain" de la moyenne formoisie (1/2)

par Yanick Toutain


Si le film Amélie Poulain avait la haute formoisie et les couche supérieures de la moyenne formoisie , comme cible -[« coeur de » diraient les crétins ]- le film de Dany Boon lui est typiquement le film de la couche immédiatement inférieure de la classe des salariés exploiteurs:  la moyenne formoisie.

Le niveau social des protagonistes de Amélie Poulain n'était certes pas plus élevé mais le public a qui s'adressait cette bonbonnière était clairement celui de Télérama et autres GCU, catalogue CAMIF et abonnés des spectacles "je-me-la-pète" des maisons de la culture – spectacles subventionnés naturellement sur le dos et les impôts indirects des couches les plus pauvres.

Une couche sociale à 4000 euros par mois et plus. (2 fois 2000 naturellement, féminisme formois oblige)

Le cadre des Postes et la base syndiquée SUD ne sont pas complètement à l'écart des luttes des classes : Le SUD "ch'est auchi un chyndicat" signifie un des trieurs de base.

Mais les valeurs syndicalistes formoises inférieures du picolage interclassiste va mettre tout le monde d'aplomb.


Le chef, grâce à l'alcool, connaît la rédemption : son passage au poste après une tournée (de distribution de courrier) -trop- bien arrosée va être transformé en Caroline Dublanche de l'après-midi; en conseiller conjugal (et familial)

La région lilloise a perdu ses chômeurs, le taux de chômage de la région égal à 11 pour cent, nous incite à penser que 11 % de la population a été déportée hors du Nord par Dany Boon et Martine Aubry.

Car le PS a contribué à ce catalogue publicitaire. La région Nord Pas-de-Calais figure au générique. On serait curieux de connaître le montant du remboursement effectué.

En participant au financement du film Bienvenu chez les Ch'tis, la Région Nord-Pas-de-Calais a eu du flair. Elle surfe désormais sur "l'effet ch'tis" et profite à fond de sa nouvelle notoriété. Elle a investi 600.000 euros dans la réalisation du film et 300.000 euros supplémentaires via le Crav, le fond régional de financement réservé à l'audiovisuel. Les sommes injectées sont d'ores et déjà largement remboursées et l'économie locale devrait dans les semaines à venir être stimulée par l'afflux de touristes.

Pour autant, il faut signaler la performance d'acteur de Dany Boon et surtout celle du pion annexe des Choristes Kad Mérad.

Il est autant méconnaissable que le Coluche pompiste.
Et les deux pitres parviennent à frôler constamment le nez rouge des zavattas irréels en persistant à chaque fois à revenir aux postures et comportements plausibles de la réalité concrète.

La première métamorphose du directeur de la poste au restaurant qui s'essaye à baragouiner auprès du serveur …. parisien... est à deux millimètres dans le territoire de l'absurdité, mais le double jeu de Dany Boon et de Kad Merad nous contraint à chaque fois à admettre la plausibilité des comportements.

Les doubles histoires d'amour sont - elles-aussiparfaitement plausibles.

Comme est plausible, pendant tout le film, la disparition de l'actualité, la disparition (déportation ?) des chômeurs, la disparition des sans papiers du Nord, la disparition de toute la misère engendrée par le capitalisme pourrissant.

La formoisie vit cela quotidiennement : les SDF, elle ne les voyait plus.
Seule la crise économique la contraignit à un retour – léger - vers l'humanité : c'est elle-même qui se sent menacée.

Le succès géant du film ( plus de 20 millions d'entrée) est proportionnel a la crainte de la formoisie de devoir quitter sa bonbonnière : la scène délirante dans le village minier abandonné est pour elle la préfiguration de ce qu'elle craint avoir comme avenir.



Mais la formoisie se trompe : ce ne sont pas ces logis que lui proposent les Sarkozy, les Boutins et autres larbins corrompus au service de la bourgeoisie :

S'ils refusent les 2 euros par jour que voudront, peu à peu, leur payer les patrons français, à l'exemple des 2 euros par jour touchés par les salariés de la SOCAPALM de Vincent Bolloré ou des salaires des Min Gong des ateliers fournisseurs des supermarchés chinois de Bernard Arnault, ce ne sont pas de pareils taudis que les ouvriers formois recevront en guise de logis !!!


CE SERA LA RUE !!!




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NOTES

17/04 : je découvre un dossier très documenté sur Wikipédia. Bienvenue chez les Ch’tis. On y apprend que seule une partie de la subvention sera remboursée ! L'innovoisie n'est vraiment pas gênée !

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