En défense du véritable matérialisme dialectique, il faut critiquer l'apologie d'un pseudo-marxisme sclérosé écrit par Trotsky « en Défense du marxisme ».(2/3) « La bureaucratie est-elle bien une classe ?».
par Yanick Toutain
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UNE FOIS DE PLUS : L'UNION SOVIÉTIQUE ET SA DEFENSE
La bureaucratie est-elle bien une classe ?
On peut voir de ce qui précède que nous pourrions fort bien nous dispenser d'analyser ce problème théorique, autrement dit la question qui préoccupe Craipeau et qui, en elle-même, est loin d'être décisive pour notre politique en cas de guerre.
YT : C'est précisément ce qui ressort de la position de Trotsky : il apparaît trop souvent comme souhaitant défendre l'URSS sans avoir à justifier rationnellement un pareil choix. Quand on fait oeuvre de science, on est contraint par la science, on est contraint par l'histoire de ne pas connaître la conclusion de nos recherches. Comprendre l'existence de la formoisie implique de se battre pour le salaire égal. Il n'aurait pas fallu en écarter la possibilité sous prétexte que se battre contre la formoisie impliquait de perdre tous nos réseaux et se fâcher avec un nombre énorme de formois.
Mais le problème de la nature sociale de la bureaucratie est, malgré tout, très important d'un point de vue plus général et nous ne voyons aucune raison de faire sur ce plan, la plus légère concession à Craipeau.
YT : « Malgré tout » ?
Quelle étrange formule rhétorique ! Le fait de savoir si, oui ou non, c'est une classe exploiteuse qui a pris le pouvoir en URSS est l'enjeu scientifique, historique, politique numéro UN !!!
Quant à personnaliser ainsi en rapport avec ce malheureux Craipeau, on a l'impression d'un lion aveugle trouvant plaisir à jouer avec une faible souris dotée, elle, de la vue. Ce n'est pas la meilleure période de Trotsky.
Notre critique change d'arguments sans qu'il en découle le moindre inconvénient pour lui.
YT : Préciser cela. Où est la preuve d'un «changement » d'arguments.
Cette fois-ci, il tire son effet frappant d'une déclaration de la Révolution trahie selon laquelle "tous les moyens de production appartiennent à l'État et l'État, dans une certaine mesure, à la bureaucratie2" (souligné par moi).
Craipeau jubile.
YT : Trotsky refuse de comprendre que l'appropriation du capital machine par l'Etat formois permet à celui-ci de répartir selon les niveaux d'accumulation de capital humain. (et quelques critères annexes dont la proximité à la bureaucratie d'Etat formois).
Si les moyens de production appartiennent à l'État et l'État à la bureaucratie, celle-ci devient le propriétaire collectif
1 "La Quatrième Internationale et la contre-révolution russe" contre-rapport présenté par le camarade Craipeau au deuxième Congrès du P.O.I. de novembre 1937, dont ces extraits ont été publiés dans Quatrième Internationale, numéro spécial, juin 1938, p. 81 Cf. annexes. Y. Craipeau était alors un des dirigeants du Parti ouvrier internationaliste, qui devait devenir la section française de la IVe Internationale, et des Jeunesses socialistes révolutionnaires. Dirigeant du P.O.I. puis du P.C.I. sous l'occupation, secrétaire général du P.C.I. de 1945 jusqu'à sa rupture en 1947 (Cf. Yvan CRAIPEAU Le mouvement trotskiste en France, Paris édit. Syros, 1972).
2 L. Trotsky, La Révolution trahie, in De la Révolution, Paris, édit. de Minuit, 1963, p. 602.
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des moyens de production et, de ce seul fait, une classe possédante et exploiteuse. Le reste de l'argumentation de Craipeau n'a qu'un caractère purement littéraire.
YT : Il n'est pas dit que Craipeau avait compris. Il confond appropriation des moyens de production machine par l'Etat formois et appropriation individuelle des moyens de production « savoir ». Mais sa logique va vers la vérité : ils sont bel et bien des exploiteurs.
Il nous dit une nouvelle fois, en se donnant l'air de polémiquer contre moi, que la bureaucratie thermidorienne est mauvaise, rapace, réactionnaire, assoiffée de sang, etc. Quelle révélation ! Nous n'avons pourtant jamais dit que la bureaucratie stalinienne incarnait la vertu. Nous lui avons seulement refusé la qualification de classe au sens que le marxisme donne à ce terme, c'est-à-dire par rapport à la propriété des moyens de production.
YT : Trotsky n'a jamais démélé clairement cette histoire de Thermidor : en effet, en 1794, ce sont les bourgeois, en tant que classe, qui prenne le dessus sur toutes les autres classes de la société.
Nous, égalitaristes sommes des « trotskystes anti-Thermidor » parce que nous considérons que le Thermidor russe consista en la prise du pouvoir par une nouvelle classe : la formoisie exploiteuse.
Il n'y a pas de caste pour nous.
Ou alors de façon totalement annexe : de la même façon qu'il existe toujours un décalage entre la classe qui dirige et l'appareil bureaucratique à qui elle confie la tâche de gérer son Etat.
Mais en Russie, ce sont des formois qui sont eux-mêmes les bureaucrates. Ils sont une fraction de la classe dominante elle-même.
Mais voici que Craipeau m'oblige à me désavouer moi-même puisque j'ai reconnu que la bureaucratie traite l'État comme sa propriété personnelle. "Là réside la clé de
l'énigme." Par cette argumentation hypersimpliste, Craipeau montre un déplorable manque de sens dialectique.
YT : C'est avec cet usage immodéré du mot « dialectique » que Trotsky va perdre Burnham. Alors que c'est lui qui manque considérablement de dialectique.
Je n'ai jamais affirmé que la bureaucratie soviétique équivalait à la bureaucratie de la monarchie absolue ou à celle du capitalisme libéral. La nationalisation de l'économie crée pour la bureaucratie une situation entièrement nouvelle, avec des possibilités nouvelles – de progrès comme de dégénérescence. Nous le savions plus ou moins dès avant la révolution.
YT : La « dégénérescence » commence en janvier 1922 par l'avantage salarial que la formoisie des ingénieurs va commencer à se décerner.
Elle était entamée, encore avant, par la tendance à la direction dictatoriale des entreprises que dénoncèrent Kollontaï et Chliapnikov. Dès 1918.
L'analogie entre la bureaucratie soviétique et la bureaucratie de l'État fasciste est plus pertinente, surtout du point de vue qui nous intéresse.
YT : Une nouvelle fois, il va semer la confusion : dans l'Etat fasciste, la formoisie est une classe complice mais distincte de la classe capitaliste. Même si Jack London avait prévu dans son livre « Le Talon de Fer » que les syndicats de métier de la formoisie allaient rallier le fascisme capitaliste, il n'en est pas moins vrai qu'il s'agit d'une alliance de classe, pas d'une fusion.
Le fait que la haute et moyenne formoisie – comme le raconte sans le comprendre Nikos Poulantzas – ait rallié Hitler n'est pas une preuve de similarité entre l'URSS et l'Allemagne.
La bureaucratie fasciste elle aussi traite l'État comme sa propriété. Elle impose de sérieuses restrictions au capital privé, au sein duquel elle provoque souvent des convulsions. Nous pouvons dire, par voie d'argumentation logique : Si la bureaucratie fasciste parvenait à imposer de plus en plus au capitalisme sa discipline et les restrictions qui en découlent sans rencontrer de résistance réelle, elle se transformerait graduellement en une nouvelle "classe dominante, absolument analogue à la bureaucratie soviétique.
YT : Il mélange tout. Il confond et embrouille plusieurs phénomènes. Le premier est le fait que l'anticapitalisme fut le principal fond de commerce du national-socialisme. Cela allait laisser des traces. Il confond ensuite le fait que toute dictature contient des éléments bonapartistes. Marx décrivait déjà cela. Mais il ne concluait pas que Napoléon III et les bureaucrates de l'Etat français de 1860 allaient s'approprier le pouvoir.
Les formois qui ont collaboré avec Hitler ne cherchaient pas à prendre le pouvoir. Bien au contraire. Ils ont cherché à protéger la main capitaliste qui leur distribuait des miettes.
Les formois de l'Etat nazi ne cherchaient aucunement à ériger un Etat formois. C'est totalement absurde.
Vers les années postérieures à 1942, on pourra, certes, voir des courants de l'appareil nazi devenir extrèmement ambiguë vis-à-vis de l'URSS : Léopold Trepper dans l'Orchestre Rouge pose, sur ce sujet, des questions que les historiens de l'avenir auront à résoudre. En particulier le questionnement d'une modalité particulière de trahison du nazisme de la part de diverses couches de la classe formoise allemande.
Mais de là à déraper en pronostiquant des aberrations du genre :
Si la bureaucratie fasciste parvenait à imposer de plus en plus au capitalisme sa discipline et les restrictions qui en découlent sans rencontrer de résistance réelle, elle se transformerait graduellement en une nouvelle "classe dominante, absolument analogue à la bureaucratie soviétique.
… il y a un abîme ...
Mais l'État fasciste n'appartient à la bureaucratie que "dans une certaine mesure" (voir citation ci-dessus). Ce sont là quatre petits mots que Craipeau ignore délibérément. Ils ont pourtant leur importance. Ils sont même décisifs. Ils sont partie intégrante de la loi dialectique de la transformation de la quantité en qualité.
YT : Léon ferait mieux d'appliquer lui-même cette loi à la question de la valeur, à la question du travail complexe, à la question du capital humain.
Si Hitler essaie de se rendre propriétaire de l'État et, par là, de se rendre propriétaire
de la propriété privée, complètement et plus seulement "dans une certaine mesure", il se heurtera à l'opposition violente des capitalistes ; de grandes possibilités révolutionnaires s'en trouveraient offertes aux travailleurs. Il se trouve, toutefois, des ultra gauches qui appliquent à la bureaucratie fasciste le raisonnement de Craipeau sur la bureaucratie soviétique et qui tracent un signe d'égalité entre les régimes fasciste et stalinien (certains spartakistes allemands, Hugo Urbahns3, certains anarchistes, etc.).
YT : Le procédé est méprisable : il accuse Craipeau de ce qu'il n'a pas dit ! Trotsky tape sur d'autre que lui pour lui retourner … la menace. Un album de Lucky Luke nous montre un gardien de prison tapant sur un autre …. gardien de prison …. dans le but de dissuader les bandits emprisonnés de s'évader...
Les coups de Trotsky contre les ultra-gauche qu'il dénonce sont de misérables menaces contre Craipeau.
Nous avons dit d'eux ce que nous disons de Craipeau : leur erreur est de croire que les fondations de la société peuvent être changées sans révolution ou contre-révolution ; ils déroulent à l'envers le film du réformisme.
YT : Encore faut-il avoir des caractérisations scientifiques concernant ce que sont les classes.
Celles-ci nous permettent de comprendre que la répression contre l'opposition ouvrière de Kollontaï et Chliapnikov ont été la mise en oeuvres des mesures formoises contre les représentants – faibles théoriquement, certes – des travailleurs exploités.
L'égalité des salaires ouvriers-ingénieurs de décembre 1921 n'a pas été interrompue par un coup d'Etat militaire de Staline. Ce sont Trotsky et Lénine qui prirent ces mesures. Sous le prétexte de la NEP et du nécessaire recul.
C'est alors que Craipeau, plus jubilant que jamais, cite une autre affirmation de la Révolution trahie à propos de la bureaucratie soviétique : "Si ces rapports devaient être stabilisés, légalisés, élevés au rang de normes sans aucune résistance ou malgré la résistance des travailleurs, ils aboutiraient à la liquidation complète des conquêtes de la révolution prolétarienne4". Et Craipeau de conclure : "Ainsi donc, le camarade Trotsky envisage (pour l'avenir) la possibilité du passage sans intervention militaire (?) de l'État ouvrier à l'État capitaliste5".
YT : Trotsky est pénible : face à un jeune militant tel que Yvan Craipeau, il fait montre d'une méchanceté inaceptable. Une commission de contrôle des relations de gentillesse entre militants (entre chercheurs scientifiques) serait amenée à voter une motion de critique envers cette arrogance. Son « jubilant » nous montre, en réalité, le butoir intellectuel qui engonce Trotsky dans une sclérose archaïque. Il reproche à Craipeau de défendre quelque chose que lui, Trotsky, doit sentir.
Le catalogue complet de l'exploitation des ouvriers par la formoisie se trouve dans son livre « La révolution trahie ».
IL n'est pas possible d'écrire un livre pareil sans sentir que quelque chose débloque. Sans ressentir que la théorie a quelque chose d'incomplet.
J'eus, moi-même un pareil sentiment d'impuissance dans la deuxième moitié de l'année 1981. L'absence de mouvements grêvistes rendait obsolète notre idéologie que nous prenions pour de la science.
Il me fallut 12 années pour que le concept de formoisie me permette de comprendre ce qui s'était passé en 1981.
Tout véritable militant de masse, tout véritable agitateur, tout véritable propagandiste, tout véritable chercheur scientifique sur le terrain pratique de la lutte des classes sent cela, il sent l'écart entre ce qu'il devrait pouvoir expliquer et les misérables outils théoriques qui restent à sa disposition.
Il sent l'écart entre ce qu'il comprend et ce qu'il devrait pouvoir comprendre.
Lorsque je lus « Demain le capitalisme » de Henri Lepage, je ne savais pas qu'il me faudrait attendre 25 années pour pouvoir, enfin, le critiquer réellement de bonne foi.
Je l'expliquais à l'époque : je peux critiquer Lepage, mais il y aura des zones de mauvaise foi dans mes démonstrations.
Trotsky est de mauvaise foi contre Craipeau. Il enrage littéralement de voir celui-ci instrumentaliser son livre « La révolution trahie » !
Craipeau a parfaitement raison : l'honnêteté factuelle de Trotsky nous donne, à nous militants de la révolution antiformoise, des armes intellectuelles extrêmement puissantes.
Trotsky et Victor Serge ne comprenaient pas le concept de formoisie. Mais leurs données sont des spots d'éclairage sur le niveaux d'exploitation de cette classe criminelle.
En 1933, nous avions coutume d'appeler cela : "dérouler à l'envers le film du réformisme". En 1937, cela s'appelle de la même façon. Ce qui, à mes yeux, n'était qu'un argument purement logique devient pour Craipeau un pronostic historique. Sans guerre civile victorieuse, la bureaucratie ne peut donner naissance à une nouvelle classe dominante. Ce fut toujours et ce demeure ma conviction.
YT : Trotsky ne comprend pas qu'il a participé en partie à cette guerre civile. Non pas quant Kronstadt où le bon côté était celui de ceux qui moururent assassinés sur les glaces par les anarchistes comploteurs avec Paris et les impérialistes qui avaient annoncé à l'avance le coup. Mais quand il « militarise » l'industrie en faveur de la formoisie. Quand il fait des concessions à la formoisie militaire sans la dénoncer conceptuellement comme une classe menaçante. Quand il réprime l'Opposition Ouvrière d'une façon totalement stupide.
Ces tirs d artillerie contre le camps du formariat, contre le camp des exploités étaient autant contre-révolutionnaires que mes combats syndicaux en faveur des augmentation de salaires de la formoisie enseignante.
Il faut se faire violence pour rester lucide.
Que la guerre civile de la formoisie ait pris un caractère de plus en plus violent, Trotsky ne peut le nier. Le Thermidor fut la prise de pouvoir de la formoisie. L'éloignement de Trotsky lors de l' « enterrement » de Lénine fut un sorte de mini-coup d'Etat. Sa déportation aussi. Les procès de Moscou aussi. L'attque contre Toukachevski aussi. L'assassinat de Trotsky aussi.
Une classe exploiteuse n'apprend pas tout d'un coup.
Entre le Staline formois de mars 1917 qui s'apprête à fusionner avec les menchéviks et le bourreaux barbares qui effacent les personnages de photos pour leur infliger une deuxième mort, il s'est écoulé plus de dix ans : la formoisie était à l'école de la lutte des classes.
Les gangsters politiques formois de la LCR-NPA qui banissent sur le site Revolution celeonet apprennent. Ils n'assassinent pas encore.
Seul le LCR-NPA nous avertit déjà : il soutient l'assassinat des déserteurs par les FARC.
Il existe déjà, dans le NPA, une aile gangster politique qui est en bonne route vers l'assassinat des militants égalitaristes.
Allez leur dire et vous comprendrez ce que Trotsky refusait de comprendre à l' époque : les classes exploiteuses ne conscientisent qu'à demi leurs crapuleries.
Les gangsters politiques du NPA n'assassinent pas encore eux-mêmes : pour leur train de vie, pour leurs 1500, leurs 2000, leurs 2500 euros pas mois, ils comptent encore sur les assassinat de l'armée française en Afrique.
C'est encore l'armée bourgeoise qui assassine à la place de la classe formoise. Mais ces assassinats lui garanttissent son train de vie de classe exploiteuse.
Par ailleurs, ce qui se produit en ce moment en U.R.S.S. n'est qu'une guerre civile
préventive, déclenchée par la bureaucratie.
YT : Une « guerre civile préventive » ? Quelle idiotie !
Préventivement à quoi ?
Les écarts de salaire n'ont cessé de se creuser à partir de janvier 1922.
La formoisie n'a pas cessé de mener une guerre larvée puis ouverte. Grève des enseignants et des cheminots en 1918 : Trotsky le sait bien : son livre l' »Avènement du bolchévisme » écrit pendant les négociations de Kronstadt nous donne tous les détails des sabotages de la formoisie pendant la révolution russe et l'année 1918.
Et pourtant, elle n'a pas encore touché les bases économiques de l'État créé par la révolution ; celui-ci, en dépit de toutes les déformations, assure un développement sans précédent des forces productives.
YT : Mais non, c'est absurde : la principale base économique d'un Etat formois, ce n'est pas la collectivisation des outils machines, c'est l'appropriation privée du capital humain. Erreur qui provient de ce manque dramatique de dialectique chez Trotsky.
L'État bourgeois n'est caractérisé ni par la suppression de l'ancrage féodal à la terre des paysans ni par la suppression de l'esclavage. Il est caractérisé par l'appropriation privée des outils-machines.
A contrario, l'Etat féodalo-formois qui contrôla la Chine pendant plusieurs millénaires n'avait aucun besoin de collectivisation des outils-machines.
Seuls les grands travaux l'étaient.
Personne n'a jamais nié la possibilité -particulièrement dans le cas d'un déclin mondial prolongé- de la restauration d'une nouvelle classe possédante issue de la bureaucratie.
YT : « issue de la bureaucratie » ? Trotsky-l'aveugle ne voit pas que c'est l'exact contraire : c'est la bureacratie qui est issue de la formoisie. C'est une partie de la classe formoise qui est déléguée par le reste de la classe pour gérer l'Etat formois.
Quand bien même le processus est obscurci par le fait que la totalité des salariés soient les employés de l'Etat formois, nous pouvons, néanmoins, distinguer un policier d'une infirmière. Le caractère bureaucratique de l'infirmière ne pourrait être invoqué que par un interlocuteur de la plus parfaite mauvaise foi.
L'actuelle position de la bureaucratie qui, par le biais de l'État, tient "dans une
certaine mesure" les forces productives entre ses mains constitue un point de départ d'une extrême importance pour un tel processus de transformation.
YT : La formoisie tient son capital ….. dans sa tête (et ses muscles !!!). Le capital c'est l'homme !!!! Il faut (parfois) écouter Staline, l'abruti gangster !
il s'agit toutefois d'une possibilité historique et non d'un fait déjà accompli.
Une classe est le produit de causes économiques ou de causes politiques ?
Dans La Révolution trahie, j'ai tenté de donner une définition de l'actuel régime soviétique6. Cette définition comporte neuf paragraphes. Ce n'est pas chose très élégante, j'en conviens, que cette série de formules descriptives et prudentes. Mais il s'agit d'une tentative de se montrer honnête vis-à-vis de la réalité. Ce qui est toujours un avantage. Craipeau ne mentionne même pas cette définition. Il ne lui en oppose aucune autre. Il ne dit pas si la nouvelle société d'exploitation est supérieure ou inférieure à l'ancienne et il ne se demande pas si cette nouvelle société représente une étape inévitable entre le capitalisme et le socialisme ou
s'il s'agit d'un simple "accident" historique.
YT : Il nous ressort cet héritage absurde de Marx : cet espèce de fatalisme historique. Nous n'avons aucune raison de supposer que toutes les civilisations extra-galactiques qui pourraient exister auraient impérativement, toutes, connu des luttes des classes.
Il existe, de façon sous-jacente au discours de Trotsky une sorte de fascination a-scientifique pour la possible existence d'une nouvelle classe exploiteuse et qui serait une sorte de « progrès inéluctable ». C'est cette sorte d'ânerie qui était sortie en guise de brouet nourissant pour les jeunes militants que nous fumes, sous l'égide du mandelo-pablisme : Si une classe est exploiteuse en URSS, cela signifie qu'il n'existe plus d'avenir. Il faudrait attendre, dans ce cas, que tous les pays de la Terre soient contrôlés par cette « nouvelle classe » qui mettrait en place une « nouvelle société d'exploitation » qui serait « supérieure … à l'ancienne ».
C'est un mode de raisonnement complètement stupide.
Entre Brejnev et Bill Gates où était la modernité ? Où était le progrès ?
C'est cet espèce d'aveuglement anticapitaliste primaire qui entraîna ces aberrations chez Trotsky.
C'est le concept de « lutte des strates » qui nous donne les clés conceptuelles les plus puissantes.
Il y a, en effet, plus de membres de la strate innovante chez les capitalistes que chez les formois.
La répétition, la stagnation intellectuelle allait être le fossoyeur de la formoisie russe.
Cela, Trotsky, prisonnier d'un archéo-marxiste qui devenait antimarxiste, ne le vit pas.
Pourtant, du point de vue de nos perspectives historiques générales, telles qu'elles sont formulées dans le Manifeste communiste de Marx et Engels, la définition sociologique de la bureaucratie revêt une importance capitale.
YT : Les définitions de Marx concernant la bureaucratie ne nécessitent pas de correction majeure.
Mais c'est Trotsky qui prétend que c'est une bureaucratie qui exploiterait en Russie sans pour autant être devenue classe exploiteuse.
La bourgeoisie est venue au monde comme élément issu des nouvelles formes de production ; elle a continué à représenter une nécessité historique aussi longtemps que les nouvelles formes de production n'ont pas épuisé leurs possibilités.
YT : Il faudra aussi clarifier cet héritage de Marx. Ce ne sont pas les bourgeois, ni la lutte des classes qui firent évoluer le Moyen-Age.
Ce sont les luttes des strates qui permirent le leadership momentané de ceux qui imposèrent les nouvelles techniques agricoles, qui imposèrent les villes, les nouveaux artisanats etc etc... Ainsi que tous les innovants qui firent les découvertes en amont.
(On peut ajouter à la liste ceux qui remirent sous la lumière l'héritage ancestral de l'Antiquité grecque.)
Cet idée « d'épuisement des possibilités » mériterait d'être largement clarifié. Le cas chinois nous montre une classe féodale qui, après les explorations de Zeng Hé, s'allie avec les Lettrés formois pour EMPÊCHER le développement d'une classe bourgeoise qui aurait remis en cause leur pouvoir.
Qui irait prétendre que les féodaux n'avaient pas « épuisé leurs possibilités » !
Ils brulèrent les bateaux pour empêcher le grossissement d'une bourgeoisie.
Il ne s'agit aucunement d'évaluation des « possibilités » historiques d'une classe.
Les enseignants de la formoisie française qui sabotent systématiquement tout diffusion de la pédagogie informatique depuis 20 ans, est-ce qu'ils participent à perpétuer l' »épuisement de ses possibilités »... ou est-ce que, plutôt, en tant qu'exploiteurs répétants, ils sont occupés à reproduire une civilisation où l'innovation est freinée au maximum, une civilisation où les enfants sont battus, où ils doivent obéir à de parfaits crétins, à de parfaits « clowns titrés professeurs ».
L'épuisement est, là, celui des malheureux élèves.
En tant que forces productives innovantes, ils sont écrabouillés, depuis l'aube des temps, par les abrutis répétants !!!
On peut affirmer la même chose de toutes les classes sociales antérieures : propriétaires d'esclaves, seigneurs féodaux, maîtres-artisans médiévaux. En leur temps, ils ont été les représentants et les dirigeants d'un système de production qui a été un moment de la progression de l'humanité.
YT : Ici, Trotsky sort des rails !!!!
Son archéo-marxisme fataliste confine au délire le plus total : où et quand les sociétés esclavagistes ont-elles été progressistes ?
Quand Rome mettait les citoyens endettés sous les fers pour servir d'objets sexuels aux hétérophobes usuriers, où était le progrès ?
De sombres crétins nous expliquaient doctement que l'esclavage était un meilleur sort que la mort pure et simple.
Mais ce que ces sombres crétins oublient de nous expliquer c'est la nature des guerres en question.
Quelles étaient donc les classes qui faisaient preuve de progressisme historique après avoir entraîné leurs peuples sur les champs de bataille.
Alexandre le boucher dit « Le Grand » massacrait soigneusement tous les fuyards des batailles qu'il gagnait. Rien ne nous indique qu'il ait été moins esclavagiste que les autres.
Les imbéciles qui ne comprennent rien à la lutte des strates – c'est leur droit, chacun apprend à son rythme – mais qui prétendent faire assaut de scientificité avec des fariboles doivent être démasqués.
La partie de l'héritage de Marx concernant le prétendu « rôle progressiste » des classes exploiteuses est bon à jeter pour l'essentiel. Il faut tout reprendre en distingant « bourgeoisie innovante », « bourgeoisie répétante » et « bourgeoisie parasitaire ».
On pourra aussi distinguer « formoisie répétante » - la plus grande part - des « formoisies innovantes » et « formoisie parasitaire »/. Cette dernière est formée des chômeurs glandeurs qui vivent sur le dos des Africains sans rien donner en retour.
On pourra trouver des « féodaux parasitaires », mais aussi quelques « féodaux répétants » travaillant à diffuser le savoir parmi leurs paysans et augmentant les productivités. Mais il y avait aussi quelques « féodaux innovants ».
Ils existaient comme existaient aussi quelques « esclavagistes innovants ».
Beaucoup des découvreurs et inventeurs d'Athènes et de la Grèce antique étaient de tels « esclavagistes innovants ». Certains étaient « esclavagistes répétants » et, la plupart étaient des « esclavagistes parasites ».
Mais, les évolutions des techniques militaires imposèrent à certains parasites et répétants du Sénat romain de devenir – au moins en partie - « esclavagistes innovants ».
Quand Scipion fait venir Polubos (dit Polybe) à Carthage, c'est au spécialiste de la poliorcétique qu'il fait appel. Il s'agit d'innover dans l'art du siège pour vaincre les Carthaginois.
Ce sont des esclavagistes au moins para-innovant qui introduisirent l'acier espagnol et les nouvelles armes afin d'améliorer la « productivité militaire » de la République romaine.
Il n'existe pas de « bourgeoisie progressiste » en soi. Ni au 20° siècle, ni au 18° !
Ni même dans l'Italie du 15° siècle, ni même au 14° , ni même au 12° siècle.
La classe bourgeoise avait déjà des strates : innovants, répétants, parasites !
Mais, comment Craipeau apprécie-t-il la place historique de la "classe bureaucratique" ? Il ne dit rien de cette question décisive.
YT : En quoi est-ce un argument ?
En quoi quelqu'un qui se serait contenté de construire le concept de « plus-value formation » et, en conséquence, aurait déterminé l'existence d'une classe exploiteuse aspirant cette plus-valu, pourrait être accusé d'avoir tort parce ne dit rien de cette question décisive qu'il parce qu'il n'aurait pas « apprécié » « la place historique de la "classe bureaucratique ».
L'argument est autant fallacieux et de mauvaise foi que quelqu'un qui croirait prouver que Galilio Galilei aurait tort – dans son équation sur la chute des corps – parce qu'il n'aurait pas, dans le même temps construit l'équation de la gravitation généralisée de Newton.
Ne pas avoir achevé la construction de l'édifice ne peut pas donner d'argument aux incapables qui prétendront qu'il ne s'agit pas d'un édifice.
Ce qui se cache derrière ce procédé rhétorique, c'est l'absurde pseudo-argument mentionné plus haut : le fait du prétendu « rôle progressiste » de toutes les classes exploiteuses.
Pourtant, nous avons maintes fois répété, avec l'aide de Craipeau lui-même, que la dégénérescence de l'Etat soviétique est le produit du retard de la révolution mondiale, c'est-à-dire, la conséquence de causes politiques, et "conjoncturelles", pour ainsi dire.
YT : Nouvelle absurdité. Celle-là est liée au refus de Trotsky de voir la formoisie. Refusant de voir l'existence de cette classe exploiteuse, refuse de distinguer « révolution anticapitaliste », « contre révolution formoise » au sein de cette révolution anticapitaliste. Et en conséquence, il ne voit pas la révolution formoise qui est le résultat de la somme.
Il raisonne comme quelqu'un qui serait bloqué sur le faux concept de Tiers-Etat, qui ne verrait pas clairement ce que fut la révolution anti-féodale, qui refuserait de voir que Thermidor fut une contre-révolution bourgeoise au sein de la révolution antiféodale. Et qui, en conséquence, ne parviendrait pas à comprendre que le processus global, la somme de la révolution anti-féodale et de la contre-révolution bourgeoise donne, finalement, une révolution bourgeoise.
Révolution dans laquelle une classe exploiteuse succède à une autre classe exploiteuse.
Le « retard de la révolution mondiale » doit s'interpréter dans ce cadre. Le fait que la formoisie puisse ou non imposer ses contre-révolutions formoises avait comme facteur principal le fait que le concept de « formoisie » soit ou non produit.
La cause principale de la victoire de la formoisie russe sur les travailleurs exploités dut, bien évidemment, le retard, l'incapacité, le refus de Trotsky de produire le concept de « formoisie ».
Et ce n'est donc pas la défaite des exploités chinois ni les deux défaites de 1919 et de 1923 des travailleurs exploités d'Allemagne.
Plus encore, l'histoire à construire précisera en quoi l'incompréhension de Rosa Luxembourg et de la direction spartakiste des déterminations de classes du SPD allemand et des groupes « révolutionnaires » entre guillemets aura été un facteur. Elle clarifiera les liens entre tous ces groupes politiques et les différentes couches de la formoisie exploiteuse d'Allemagne, les liens avec les diffétentes couches de la classe des travailleurs réellement exploités – le formariat.
L'argument constamment invoqué par Trotsky du retard de la révolution mondial est un argument fallacieux.
Le sabotage formois en Russie tout au long de l'année 1918 aurait pu être combattu si le qualificatif d'exploiteurs formois leur avait été adressé, si le projet avait été clairement d'unifier tous les salaires, si les privilèges salariaux avaient été abolis le plus rapidement possible.
Mais, à cette époque, Trotsky, pour des mobiles (raisons ou prétextes) d'efficacité militaire puis économique était quelque peu opportuniste vis-à-vis de ces spetz formois, de cette hiérarchie militaire formoise.
Il suffit de lire son livre du début de 1918 pour constater de quelle manière il en vint, peu à peu, à sous-estimer le rôle néfaste de ce qu'il appelait à l'époque « petite-bourgeoisie intellectuelle ». Pendant Brest-Litovsk, il n'avait pas de mots assez fort pour dénoncer -justement – le rôle désastreux de la formoisie tout au long de l'année 1917.
Le seul noyau rationnel qui existe dans le prétexte qu'invoque Trotsky quant à ce « retard de la révolution mondiale », c'est le fait que le développement de la mobilisation mondiale des exploités jouait – et aurait pu jouer davantage encore – un rôle concernant la mobilisation des exploités russes contre la formoisie.
Le développement d'insurrection anti-féodale et anti-bourgeoise en Espagne en 1793 et 1794, aurait eu un effet très favorable pour la lutte contre la contre-révolution thermidorienne.
Et la défait des exploités français en 1794 eut un effet défavorable pour tous les exploités de toute l'Europe.
Une victoire des exploités chinois à Shanghai en 1927 aurait été un encouragement à la résistance anti-formoise en Russie. De ce point de vue, Staline ne s'y est pas trompé : le formoisie russe comptait sur la bourgeoisie compradore chinoise, sur la formoisie chinoise, pour empêcher les exploités chinois de remporter la victoire : faire enfouir le parti communiste à l'intérieur du Kuomintang avait cette fonction de saboter toute posibilité d'une révolution anticapitaliste, d'une révolution anti-impérialiste.
Peut-on parler d'une nouvelle classe... "conjoncturelle" ? J'en doute vraiment beaucoup.
YT : Ce serait plus facile de répondre avec des citations exactes !
Si Craipeau consent à vérifier sa conception très hâtive en prenant en considération la succession historique des régimes sociaux, il reconnaîtra sûrement lui-même que donner à la bureaucratie le nom de classe possédante n'est pas seulement un abus de termes, mais plus encore un grand danger politique qui risque de nous faire dérailler totalement de nos perspectives historiques.
YT : Une bureaucratie n'est pas une classe possédante. Ce sont effectivement deux concepts distincts. Mais c'eût été la tâche de Trotsky de préciser de quelle façon la bureaucratie russe gérait les intérêts de la formoisie russe.
On retrouve une nouvelle fois le lion aveugle Trotsky jouant avec la souris Craipeau du haut de son savoir …. inutilisé.
Ecrire un livre entier décrivant l'ampleur du niveau de l'exploitation organisée par la bureacratie russe sans nous indiquer où est la classe exploiteuse. Là est le lieu du « déraillement ». Ce n'est pas Craipeau mais Trotsky qui fait un « abus de termes ».
Craipeau voit-il des raisons suffisantes de réviser la conception marxiste dans ce domaine capital ? Pour ma part, je n'en vois aucune. C'est pourquoi je refuse de suivre Craipeau.
YT : Si, il y en a une. Une énorme. Décrite de long en large dans « La Révolution trahie ». L'ampleur du niveau d'exploitation.
Trotsky consacre un chapitre entier à ce problème : L'ACCROISSEMENT DE L'INEGALITE ET DES ANTAGONISMES SOCIAUX.
Dans la première partie « MISERE, LUXE, SPÉCULATION », il dresse un tableau impitoyable du niveau de privilèges que s'accorde la formoisie exploiteuse.
« Le plan industriel pour 1935 a été, on le sait, dépassé. Mais en ce qui concerne la construction des logements, il n'a été exécuté que dans la mesure de 55,7%; et c'est la construction des habitations ouvrières qui est la plus, lente, la plus défectueuse, la plus négligée. Les paysans des kolkhozes vivent comme par le passé dans les isbas, avec leurs veaux et leurs blattes. D'autre part, les notables soviétiques se plaignent de ce qu'il n'y ait pas toujours dans les habitations construites à leur intention de "chambre de bonne".
(…)
un métro luxueux à l'usage de ceux qui peuvent se le paver, alors que la construction des habitations ouvrières, fussent-elles du type des casernes, est invariablement et terriblement en retard.
(…)
Quant à elle-même, la bureaucratie sait fort bien se faire servir sur terre, sur eau, dans les airs, ce qu'atteste le grand nombre de wagons-salons, de trains spéciaux et de bateaux dont elle dispose, tout en les remplaçant de plus en plus par des autos et des avions, plus confortables.
(…)
Caractérisant les succès de l'industrie soviétique, le représentant du comité central à Léningrad, Jdanov, applaudi par un auditoire directement intéressé, lui promet que "l'année prochaine, ce ne sera pas dans les modestes Ford d'aujourd'hui, mais dans des limousines que nos activistes se rendront aux assemblées". La technique soviétique, dans la mesure où elle se tourne vers l'homme, s'efforce avant tout de satisfaire les besoins accrus de la minorité privilégiée. Les tramways - là où il y en a - sont bondés comme par le passé.
Quand le commissaire du peuple à l'industrie alimentaire, Mikoyan, se flatte de ce que les qualités inférieures de bonbons soient peu à peu éliminées au profit des qualités supérieures et de ce que "nos femmes" exigent de meilleurs parfums, cela signifie seulement que l'industrie s'adapte, par suite du retour au commerce, à des consommateurs plus qualifiés. Telle est la loi du marché, où les femmes de personnages haut placés ne sont pas les moins influentes.
(…)
L'académicien Bach, posant la question du point de vue de la chimie organique, trouve que "notre pain est parfois d'une qualité détestable".
(…)
Enumérant ses acquisitions, Mikoyan nous fait savoir que "l'industrie de la margarine est nouvelle". (…) Mais l'apparition d'un succédané signifie en tout cas qu'il y a en U.R.S.S. deux classes de consommateurs: l'une qui préfère le beurre et l'autre qui s'accommode de margarine.
(…)
L'une des manifestations les plus frappantes, pour ne pas dire les plus provocantes, de l'inégalité, c'est l'ouverture à Moscou et dans d'autres villes importantes de magasins vendant des marchandises de qualité supérieure et portant le nom très expressif, quoique étranger, de "luxe" ("liouks"). Mais les plaintes incessantes pour vols dans les épiceries de Moscou et de la province montrent qu'il n'y a de produits que pour la minorité et que tout le monde voudrait pourtant se nourrir...
(….)
Dans le conflit entre la bureaucratie et l'ouvrière, nous nous rangeons avec Marx et Lénine du côté de l'ouvrière contre le bureaucrate qui exagère les résultats acquis, camoufle les contradictions et bâillonne l'ouvrière.
(…)
Des limousines pour les "activistes", de bons parfums pour "nos femmes", de la margarine pour les ouvriers, des magasins de luxe pour les privilégiés, la seule image des mets fins exposés à la vitrine pour la plèbe, ce socialisme-là ne saurait être aux yeux des masses qu'un capitalisme retourné. Appréciation qui n'est pas si fausse.
(…)
L'état d'esprit et la conduite des ouvriers et des travailleurs des kolkhozes, c'est-à-dire 90% environ de la population, sont déterminés au premier chef par les modifications de leur salaire réel. Mais la relation entre leur revenu et celui des couches sociales plus avantagées n'a pas une importance moindre. C'est dans le domaine de la consommation que la loi de la relativité se fait sentir le plus directement! L'expression de tous les rapports sociaux en termes de comptabilité-argent révèle la part réelle des diverses couches sociales au revenu national. Même en admettant la nécessité historique de l'inégalité pendant un temps encore assez long, la question des limites tolérables de cette inégalité demeure posée, de même que celle de son utilité sociale dans chaque cas concret. La lutte inévitable pour la part du revenu national deviendra nécessairement une lutte politique. Le régime actuel est-il socialiste ou non? Cette question sera tranchée non par les sophismes de la bureaucratie, mais par l'attitude des masses, c'est-à-dire des ouvriers et des paysans des kolkhozes. »
Mais la deuxième partie de son chapitre nous montre, davantage encore, un Trotsky tournant autour du concept de formoisie. Son analyse de la LA DIFFÉRENCIATION DU PROLETARIAT nous le montre bloqué aux pieds du concept de « formoisie » sans parvenir à franchir l'obstacle :
« Les données concernant le salaire réel devraient, semble-t-il, faire l'objet d'une étude particulièrement attentive dans un Etat ouvrier; la statistique des revenus, par catégories de la population, devrait être limpide et accessible à tous. En réalité, ce domaine, touchant du plus près aux intérêts vitaux des travailleurs, est couvert d'une brume opaque. Si incroyable que ce soit, le budget d'une famille ouvrière en U.R.S.S. constitue pour l'observateur une grandeur beaucoup plus énigmatique qu'en n'importe quel pays capitaliste. En vain tenterions-nous de tracer la courbe des salaires réels des diverses catégories d'ouvriers pendant la deuxième période quinquennale. Le silence obstiné des autorités et des compétences sur ce sujet est aussi éloquent que leur étalage de chiffres sommaires et dépourvus de signification.
(…)
Le salaire moyen annuel, établi en réunissant les salaires du directeur de trust et de la balayeuse, était en 1935 de 2 300 roubles et doit atteindre en 1936 environ 2 500 roubles, soit, au cours nominal du change, 7 500 francs, et quelque chose comme 3 500 à 4 000 francs français d'après la capacité d'achat. (…) L'essentiel en tout ceci, c'est encore que le salaire de 2 500 roubles par an, soit 208 roubles par mois, n'est qu'une moyenne, c'est-à-dire une fiction arithmétique destinée à masquer la réalité d'une cruelle inégalité dans la rétribution du travail.
Il est tout à fait incontestable que la situation de la couche supérieure de la classe ouvrière et surtout de ceux qu'on appelle les stakhanovistes, s'est sensiblement améliorée au cours de l'année écoulée; la presse relate en détail combien de complets, de paires de chaussures, de gramophones, de vélos et même de boîtes de conserves les ouvriers décorés ont pu s'acheter. On découvre par la même occasion combien ces biens sont peu accessibles à l'ouvrier ordinaire. Staline dit des causes qui ont fait naître le mouvement Stakhanov: "On s'est mis à vivre mieux, plus gaiement. Et quand on vit plus gaiement, le travail va mieux." Il y a une part de vérité dans cette façon optimiste, propre aux dirigeants, de présenter le travail aux pièces: la formation d'une aristocratie ouvrière n'est en effet devenue possible que grâce aux succès économiques antérieurs. Le stimulant des stakhanovistes n'est pourtant pas la "gaieté", mais le désir de gagner davantage. Molotov a modifié dans ce sens l'affirmation de Staline: "L'impulsion vers un haut rendement du travail est donnée aux stakhanovistes par le simple désir d'augmenter leur salaire." En effet, toute une catégorie d'ouvriers s'est formée en quelques mois, que l'on a surnommés les "mille", car leur salaire dépasse 1 000 roubles par mois. Il y en a même qui gagnent plus de 2 000 roubles, alors que le travailleur des catégories inférieures gagne souvent moins de 100 roubles.
La seule amplitude de ces variations de salaires établit, semble-t-il, une différence suffisante entre l'ouvrier "notable" et l'ouvrier "ordinaire". Cela ne suffit pas à la bureaucratie. Les stakhanovistes sont littéralement comblés de privilèges. On leur donne de nouveaux logements, on fait des réparations chez eux; ils bénéficient de séjours supplémentaires dans les maisons de repos et les sanatoriums; on leur envoie à domicile, gratuitement, des maîtres d'école et des médecins; ils ont des entrées gratuites au cinéma; il arrive qu'on les rase gratuitement ou en priorité. Beaucoup de ces privilèges paraissent intentionnellement consentis pour blesser et offenser l'ouvrier moyen. L'obséquieuse bienveillance des autorités a pour cause, en même temps que l'arrivisme, la mauvaise conscience: les dirigeants locaux saisissent avidement l'occasion de sortir de leur isolement en faisant bénéficier de privilèges une aristocratie ouvrière. Le résultat, c'est que le salaire réel des stakhanovistes dépasse souvent de vingt à trente fois celui des catégories inférieures. Les appointements des spécialistes les plus favorisés suffiraient en maintes circonstances à payer quatre-vingts à cent manoeuvres. Par l'ampleur de l'inégalité dans la rétribution du travail, l'U.R.S.S. a rattrapé et largement dépassé les pays capitalistes!
Les meilleurs des stakhanovistes, ceux qui s'inspirent réellement de mobiles socialistes, loin de se réjouir de leurs privilèges, en sont mécontents. On les comprend: la jouissance individuelle de divers biens, dans une atmosphère de misère générale, les entoure d'un cercle d'hostilité et d'envie et leur empoisonne l'existence. Ces rapports entre ouvriers sont plus éloignés de la morale socialiste que ceux des ouvriers d'une fabrique capitaliste réunis par la lutte commune contre l'exploitation.
Il reste que la vie quotidienne n'est pas facile à l'ouvrier qualifié, surtout en province. Outre que la journée de sept heures est de plus en plus sacrifiée à l'augmentation du rendement du travail, beaucoup d'heures sont prises par la lutte complémentaire pour l'existence. On indique comme un signe particulier de bien-être que les meilleurs ouvriers des sovkhozes - exploitations agricoles de l'Etat -, les conducteurs de tracteurs et de machines combinées, formant déjà une nette aristocratie, ont des vaches et des porcs. La théorie selon laquelle mieux valait le socialisme sans lait que le lait sans socialisme est donc abandonnée. On reconnaît maintenant que les ouvriers des entreprises agricoles de l'Etat, où ne manquent pas, semble-t-il, les vaches et les porcs, doivent, pour assurer leur existence, avoir leur propre élevage miniature. Le communiqué triomphal suivant lequel 96 000 ouvriers de Kharkov ont des potagers personnels n'est pas moins stupéfiant. Les autres villes sont invitées à imiter Kharkov. Quel terrible gaspillage de forces humaines signifient la "vache individuelle", le "potager individuel" et quel fardeau pour l'ouvrier, et plus encore pour sa femme et ses enfants, que le travail médiéval, à la pelle, du fumier et de la terre!
La grande majorité des ouvriers n'a, cela va de soi, ni vache ni potager, et manque souvent d'un gîte. Le salaire d'un manoeuvre est de 1 200 à 1 500 roubles par an, moins parfois, ce qui, avec les prix soviétiques, équivaut à la misère. Les conditions de logement, l'un des indices les plus caractéristiques de la situation matérielle et culturelle, sont des plus mauvaises et parfois intolérables. L'immense majorité des ouvriers s'entasse dans des logements communs beaucoup moins bien installés, beaucoup moins habitables que les casernes. S'agit-il de justifier des échecs dans la production, des manquements au travail, des malfaçons? L'administration, par le truchement de ses journalistes, donne elle-même des descriptions de ce genre des conditions de logement des ouvriers: "Les ouvriers dorment sur le plancher, les bois de lits étant infestés de punaises, les chaises sont démolies, on n'a pas de gobelet pour boire", etc. "Deux familles vivent dans une chambre. Le toit en est percé. Quand il pleut, on recueille de l'eau à pleins seaux." "Les cabinets sont indescriptibles..." Des détails de ce genre, qui valent pour le pays entier, on en pourrait citer à l'infini. Par suite des conditions d'existence intolérables, "la fluidité du personnel", écrit par exemple le dirigeant de l'industrie pétrolière, "atteint de très grandes proportions... Nombre de puits ne sont pas exploités faute de main-d'oeuvre..." Dans certaines contrées défavorisées, seuls les ouvriers congédiés ailleurs pour indiscipline consentent à travailler. Ainsi se forme dans les bas-fonds du prolétariat une catégorie de misérables privés de tout droit, parias soviétiques qu'une branche de l'industrie aussi importante que celle du pétrole est obligée d'employer largement.
Par suite des inégalites criantes dans le régime des salaires, aggravées encore par les privilèges arbitrairement créés, la bureaucratie réussit à faire naître des antagonismes très âpres au sein du prolétariat. De récents comptes rendus de presse traçaient le tableau d'une guerre civile en réduction. "Le sabotage de machines constitue le moyen préféré(!) de combattre le mouvement Stakhanov", écrivait par exemple l'organe des syndicats. "La lutte de classe" est évoquée à chaque pas. Dans cette lutte "de classe", les ouvriers sont d'un côté, les syndicats de l'autre. Staline recommande publiquement de "taper sur la gueule" des résistants. D'autres membres du comité central menacent à diverses reprises "les ennemis impudents" d'un anéantissement total. L'expérience du mouvement Stakhanov fait puissamment ressortir l'abîme qui sépare le pouvoir et le prolétariat et l'opiniâtreté sans frein de la bureaucratie dans l'application de la règle: "Diviser pour régner." En revanche, le travail aux pièces, ainsi imposé, devient, pour consoler l'ouvrier, "émulation socialiste". Ces seuls mots sont une dérision.
L'émulation, dont les racines plongent dans la biologie, demeure sans nul doute en régime communiste - épurée de l'esprit de lucre, de l'envie et des privilèges - le moteur le plus important de la civilisation. Mais dans une phase plus proche, préparatoire, l'affermissement réel de la société socialiste peut et doit se faire non selon les humiliantes méthodes du capitalisme arriéré auxquelles recourt le gouvernement soviétique, mais selon des moyens plus dignes de l'homme libéré et avant tout sans la trique du bureaucrate. Car cette trique est elle-même le legs le plus odieux du passé. Il faudra la briser et la brûler publiquement pour qu'il soit possible de parler de socialisme sans que le rouge de la honte vous monte au front!
Les attaques de Trotsky contre Craipeau sont totalement absurdes.
« Les appointements des spécialistes les plus favorisés suffiraient en maintes circonstances à payer quatre-vingts à cent manoeuvres. Par l'ampleur de l'inégalité dans la rétribution du travail, l'U.R.S.S. a rattrapé et largement dépassé les pays capitalistes! »
… où est la « bureacratie » ?
Ces exploiteurs appelés « stakhanovistes » ne sont pas de « bureaucrates ». Aucune bureaucratie au service d'aucune classe n'a jamais extrait de charbon dans une mine ! Même comme chef d'équipe ! Même comme ingénieur des charbonnages !
Tout son texte passe allègrement de la description de formois bureaucrates à celle de formois de l'industrie.
C'est Trotsky lui-même qui, dans ce chapitre, nous décrit la classe formoise comme une seule et même entité exploitant le reste de la population, une seule et même entité vivant grassement sur la plus-value extorquée au reste de la population.
Trotsky peut enrager quand Yvan Craipeau a le -constructif- culot de lui envoyer son propre livre à la figure comme preuve de l'existence d'une classe sociale exploiteuse en Russie.
Toutefois nous pouvons et devons dire que la bureaucratie soviétique a tous les vices d'une classe possédante sans avoir aucune de ses "vertus" (stabilité organique diverse normes morales, etc.).
YT : Ceci est une blague ! Les « vertus » des « classes possèdantes » ?
Une farce !
Les vertus du « Règne de Louis XIV » ? Les famines, les représsions, le code « noir » des barbares esclavagistes ?
Les « normes morales » ?
Léon écrit, ici, n'importe quoi !!!
L'expérience nous a enseigné que l'Etat ouvrier est
3 Hugo URBAHNS (1890-1947). Militant spartakiste, puis communiste allemand. Appartient à l'aile gauche du PC allemand. Exclu en novembre 1926, fonde le Leninbund. Emigre en Suède en 1933. En sera expulsé en 1937 au milieu des procès de Moscou, mais aucun gouvernement ne lui accordant de visa, restera en Suède jusqu'à sa mort.
4 L. Trotsky, La Révolution trahie, op. cit., p. 602-603.
5 Y. CRAIPEAU, loc. cit.
6 L. Trotsky, op. cit., p. 604 et supra, introduction.
Défense du marxisme
L. Trotsky Page 3 / 119
encore un Etat, autrement dit le produit du passé barbare : qu'il est doublement barbare dans un pays arriéré et isolé que, dans des conditions défavorables il peut dégénérer jusqu'à devenir méconnaissable ; qu'une révolution supplémentaire peut être nécessaire à sa régénération ?
YT : Non ! Tout ceci est encore faux. Une révolution formoise victorieuse aux USA aurait produit la même barbarie formoise. Et la « régénération » de cette révolution formoise aurait, pareillement, été une aberration.
Il ne s'agit pas de régénérer l'Etat formois, il s'agit de le détruire !!!
Mais l'Etat ouvrier n'en reste pas moins une étape qu'il nous faut obligatoirement franchir.
YT : Stupidité ! Il n'existe, n'a existé et n'existera jamais d' « Etat ouvrier ». Pas plus que n'a existé en 1789, en 1793 ou en 1794 d' « Etat du Tiers Etat » !!!
On ne peut dépasser cette étape que par la révolution permanente du prolétariat international.
YT : Non pas ! Ce sont les exploités qui feront la révolution mondiale.
Mais où est la dialectique ?
Je ne peux suivre point par point l'ensemble de l'argumentation de Craipeau ; pour le faire, il faudrait récapituler l'ensemble de la conception marxiste. L'ennui est que Craipeau n'analyse pas les faits tels qu'ils sont mais rassemble plutôt des arguments logiques en faveur d'une thèse préconçue.
YT : La thèse préconçue est celle qui s'aveugle sur le capital machine et refuse de voir le développement du capital humain. Tout en découle.
Dans son essence, cette méthode est anti-dialectique et donc anti-marxiste. Je vais en donner quelques exemples:
a) "Le prolétariat russe a perdu depuis bien des années déjà tout espoir de pouvoir politique". Craipeau prend bien soin de ne pas dire précisément depuis quand. Il veut simplement donner l'impression que notre tendance a entretenu des illusions depuis "bien des années". Il oublie de dire qu'en 1923 la bureaucratie était ébranlée jusqu'aux fondations et que seuls la défaite allemande et le découragement qu'elle fit naître dans le prolétariat russe ont donné une nouvelle stabilité à sa position. Au cours de la Révolution chinoise (1925-1927) , la crise se répéta, avec les mêmes phases. Le Premier Plan Quinquennal et les grands bouillonnements qui précédèrent en Allemagne l'ascension d'Hitler menacèrent à leur tour la domination bureaucratique. Enfin, pouvons-nous douter un instant que le prolétariat russe n'ait pu, si la révolution espagnole avait été victorieuse et si les travailleurs français avaient été capables de mener jusqu'à son terme leur offensive de mai-juin 1936, recouvrer son courage et sa combativité et renverser la bureaucratie thermidorienne avec un minimum d'efforts ? C'est seulement la succession des défaites les plus terribles et les plus démoralisantes qui a stabilisé le régime de Staline. Craipeau oppose le résultat, à vrai dire parfaitement contradictoire, au processus qui l'a engendré et à notre politique, qui a été le reflet de ce processus.
YT : La seule question qui vaille et à laquelle Trotsky ne répond pas est : Quand et comment les exploités de Russie auraient-ils pu combattre victorieusement la classe formoise et lui infliger une défaite définitive en détruisant son Etat ?
Sauf que la réponse à cette question contient – n'importe quel matérialiste de 2009 le sait – la prise en considération du rôle de la formoisie allemande de 1919 à 1933, du rôle de la formoisie chinoise de 1927, du rôle de la formoisie française de 1934 à 1938, du rôle de la formoisie espagnole de 1936 à 1938 etc etc...
Ne pas connaître le rôle que ces classes sociales exploiteuses ont eu, rend l'analyse creuse. Il fallait bien comprendre le rôle que cette classe formoise a eu dans tous les processus révolutionnaires pour comprendre comment il aurait été possible de réussir une révolution anticapitaliste malgré elle.
Si les exploités de la période 1917-1939 avaient entamé résolument un processus révolutionnaire anti-formois dès le début de la révolution anti-capitaliste, il est probable qu'il se serait passé le même phénomène que pour la bourgeoisie russe en 1905 (et 1917), la même chose que pour la formoisie russe en 1917 : fuir à toute jambe le processus révolutionnaire ou - pire encore - lutter pour l'empêcher.
Trotsky ne répond jamais à la question : quelles étaient les forces qui soutenaient Hébert et Scheidemann ?
Et comment ces forces auraient pu être vaincues ?
Comment il aurait été possible de rallier la petite formoisie allemande à une perspective égalitariste.
Car c'est de cela qu'il s'agissait : une révolution anticapitaliste qui mette fin aux inégalités salariales.
Le fait que Craipeau n'ait pas compris cela, pour autant, ne peut en aucune façon servir de prétexte à Trotsky.
Ce sont les défaites des exploités de l'Ouest à cause des trahisons des formoisies qui pesèrent sur la situation politique.
Encore faut-il voir qu'il existe des formoisies.
b) Afin de réfuter l'argument selon lequel la bureaucratie ne manipule les ressources nationales que comme le ferait une guilde corporative -et encore une guilde particulièrement vacillante- et les bureaucrates n'ont pas à titre individuel le droit de disposer de
la propriété d'Etat, Craipeau réplique : "Les bourgeois (?) eux-mêmes ont dû attendre longtemps avant de pouvoir transmettre à leurs descendants le droit de propriété sur les moyens de production. Aux tous débuts des guildes, le patron était élu par ses pairs..." Mais Craipeau omet une bagatelle : aux "tous débuts des guildes", celles-ci n'étaient pas divisées en classes et le patron n'était pas un "bourgeois" au sens moderne du terme. La transformation de la quantité en qualité n'existe pas pour Craipeau.
YT : Dialogue de sourds : Craipeau dit une ânerie. Qui donc étaient ces bourgeois qui ne pouvaient avoir d'héritiers ? Qui donc héritait de l'échoppe ? A part les enfants des … bourgeois ...
Et Trotsky répond par une ânerie : les patrons bourgeois …. n'étaient pas des bourgeois !!!
Ce que les deux ne comprennent pas c'est que la formoisie collectivise réellement le capital machine … pour mieux privatiser le capital humain.
Le système de prélèvement chinois clarifie cela : les impôts collectivisés et la gestion du fleuve Jaune collectivisée n'est un mystère pour personne qui comprend le rôle des lettres formois chinois, alliés aux féodaux.
c) "La propriété privée est en cours de restauration, l'héritage en cours de rétablissement." Mais Craipeau s'abstient de dire qu'il s'agit de la propriété des objets d'utilité personnelle et non des moyens de production. Il oublie pareillement de mentionner le fait que ce que les bureaucrates, y compris ceux de haut rang, possèdent à titre privé n'est rien à côté des ressources matérielles que leur procurent leurs fonctions : il oublie encore que la récente "purge" qui, d'un seul trait de plume réduit à la pauvreté des milliers et des milliers de familles de bureaucrates, montre précisément l'extrême fragilité des liens qui existent entre les bureaucrates eux-mêmes -et à plus forte raison leur famille- et la propriété d'Etat.
YT : Une nouvelle fois Trotsky passe à côté de l'essentiel ; la formoisie transmet en héritage … du capital humain.
On retrouve, appliqué au capital humai la problématique de Marx quant aux machines : reproduction du capital, élargissement du capital. Ce dernier aspect par les privilèges scolaires accordés aux enfants des formois.
Mais avec une réelle concurrence pour ne pas dessécher la classe : toute cette idéologie formoise de la promotion au mérite.
C'est l'équivalent formois des lois anti trusts.
Des lois appliquées mais faites pour être contournées...
C'est cette compréhension du capital humain et de la formoisie qui m'amenèrent à conceptualiser, il y a environ dix ans les concepts de « ppm » potentiel productif machine et « pph » potentiel productif humain.
J'expliquais que le potentiel productif d'un bol est le gain de temps qu'il permet en dispensant son usager de multiplier les allées retour jusqu'à la rivière.
J'expliquais que le potentiel productif de la chanson « Yesterday » était l' équivalent de celui d'un litre d'huile destinée à huiler les rouage d'un moteur. Celui qui utilise – comme capital circulant – l'audition de « Yesterday » permettra à son capital humain – innovant ou répétant – de fonctionner avec davantage d'efficacité.
L'héritage transmit par la formoise consiste en objets à fort « pph » qu'on peut voir dans la chambre d'un bébé formois. Il ne conservera pas son « Ordimini », ses « Lego », ses livres de « Rox et Rouky » , ses jeux pédagogiques. Il conservera le capital humain que l'usage de ces objets aura permis d'augmenter.
Le bourgeois commerçant transmet une épicerie ou un paquet d'action. Le formois transmet ce qui se trouve dans le cerveau et les muscles de ses enfants proto-formois (le proto formois est le formois en formation, en période d'accumulation de capital humain. De la même façon, le proto-innovois a accumulé du capital inventif sans le faire fructifier encore. L'auteur de chansons qui les conservera toute sa vie dans son coffre restera toute sa vie un proto-innovois)
Trotsky, avec son point aveugle sur la formoisie accumule les bourdes sans son argumentation contre le malheureux Yvan Craipeau.
d) La guerre civile préventive que mène à l'heure actuelle la clique dirigeante démontre à nouveau que cette dernière ne pourra être renversée que par la violence révolutionnaire. Mais puisque cette nouvelle révolution doit prendre naissance sur les bases de la propriété d'Etat et de l'économie planifiée : nous avons qualifié le renversement de la bureaucratie de révolution politique par opposition à la révolution sociale de 1917. Craipeau trouve que cette distinction "relève du domaine de la casuistique". Et pourquoi une telle sévérité ? Parce que voyez-vous, la reconquête du pouvoir par le prolétariat aura des conséquences sociales. Mais les révolutions politiques bourgeoises de 1830, 1848 et septembre 1870 ont eu aussi des conséquences sociales, dans la mesure où elles ont sérieusement modifié la répartition du revenu national.
YT : Qu'est-ce qu'il raconte ?
1830 et 1848 sont des révolutions anticapitalistes détournées de leur but. A tel point d'ailleurs que les émeutes des canuts de Lyon sont la poursuite de la « révolution » de 1830.
Les révolutionnaires exploités ont subi une confiscation de leur victoire.
Et cette confiscation s'est faite avec un résultat qui n'est pas une « révolution politique » mais par l'équivalent d'un « coup d'Etat » intérieur à la classe bourgeoise en transférant le pouvoir d'une couche bourgeoise à une autre couche bourgeoise.
Il suffit de relire Marx la dessus.
WWW citation elle se trouve aussi dans mon texte sur la bourse et le capital financier
Où est donc cette « fameuse » « révolution politique » ?
L'analyse des luttes des strates montrera aussi que ce sont les strates parasites de la bourgeoisie qui sont peu à peu éjectées du pouvoir : la bourgeoisie de la strate innovante qui est principalement la couche industrielle de la bourgeoisie a fini, au cours du 19° siècle, par réduire le poids des deux autres secteurs.
La révolution industrielle du 19° siècle était à ce prix.
Mais, mon cher Craipeau, tout est relatif dans ce monde qui n'est pas la création de formalistes ultra-gauches. Les changements sociaux provoqués par lesdites révolutions politiques, aussi sérieux qu'ils aient pu être, apparaissent comme tout à fait secondaires quand on les compare à la grande Révolution française qui fut la révolution sociale bourgeoise par excellence. Ce qui fait défaut au camarade Craipeau, c'est le sens des proportions et le concept de relativité.
YT : Là encore il aurait dû s'abstenir : argumenter avec un « concept » de « relativité » est piètre irruption d'idée inopinée.
Qu'est ce que cela vient faire ici ?
Il prend un vernis de scientificité. Mais tombe très mal : sa « relativité » est démontée, point par point, dans le « Matérialisme et empiriociritcisme » de Lénine.
Notre jeune ami n'a aucun intérêt pour la loi de la transformation de la quantité en qualité. C'est pourtant la plus importante des lois de la dialectique. Il est vrai que les autorités du monde académique de la bourgeoisie estiment que la dialectique elle-même "relève du domaine de la casuistique".
YT : Il est dommage que les conseils qu'il donne à Craipeau ne lui aient pas servi personnellement.
La poudre finit par exploser.
Les molécules d'eau par se dissocier pour devenir vapeur.
Le Tiers Etat par exploser.
Et le .. prolétariat par se couper en 3 parties : formariat, formoisie et … innovoisie.
La dernière phrase est méchanceté rhétorique contre Craipeau : ce jeune militant avait XXX ans.
e) Ce n'est pas par hasard que Craipeau s'inspire de la sociologie de M. Yvon 7. Les observations personnelles d'Yvon sont honnêtes et très importantes. Mais ce n'est pas un accident qui l'a mené dans le môle étroit de la Révolution Prolétarienne 8. Yvon s'intéresse à "l'économie" à "l'atelier" -pour employer les termes de Proudhon- et pas à la "politique", c'est-à-dire à l'économie généralisée. Il appartient formellement à l'école proudhonienne, ce qui lui a précisément permis de rester neutre au cours de la lutte entre l'opposition de gauche et la bureaucratie ; il n'avait pas compris que le sort de "l'atelier" en dépendait. Ce qu'il a à dire sur la lutte "pour l'héritage de Lénine" sans distinguer entre les tendances sociales -même aujourd'hui en 1937 !- révèle clairement sa conception tout à la fois petite-bourgeoise, totalement contemplative, absolument pas révolutionnaire. Pour Yvon la notion de classe est une abstraction qu'il place en surimpression sur l'abstraction de "l'atelier". Il est vraiment triste que Craipeau ne trouve pas d'autre source d'inspiration théorique.
YT : Ah le bel argument !
Comme si le fait de s'appuyer sur les constats sociologique de Yvon était une absurdité.
J'avais découvert l'existence de ce sociologique sur deux sources -dont la note ci-dessous – peu après la production du concept de « formoisie ».
Comme Rizzi, comme Burnham, il ne semble pas avoir appuyé sa notion de classe exploiteuse sur un schéma marxiste de tranfers de plus-value formation.
Dans le cas où je réussirais à accéder à son texte, je me ferais – si c'était le cas – de lui rendre un hommage appuyé en l'appelant « véritable auteur du concept de formoisie ».
Je n'ai aucun problème sur ces questions d'antériorité.
Me cacher derrière Newton pour défendre le vide absolu, les vitesses absolues, lorsque j'ai découvert qu'il le revendiquait de façon explicite, a facilité mon combat sur Internet. (Pour les épistémologistes : si, au début des années 2000, dans les forums physique, je n'utilise pas Newton comme mon allié explicite, c'est que j'ignore encore qu'il l'est. J'ai découvert ses propos explicite sur le vide, les lieux et les vitesse par la lecture du livre De Motu édité par François de Gandt puis la lecture des Principia par un lien donné par le crétin relativiste Dominique Caudron (par ailleurs voleur de photos, usurpateur d'identité et tenancier d'une baraque foraine de jeu de massacre sur Internet).
De la même façon, les propos de Newton sur le photon comme brique de la matière et sur la lumière comme cause possible de la gravitation – comme le vent dans les ailes des moulins – servent mon (notre combat).
Si, enfin, ma « véritable équation de la gravitation planétaire » était découverte dans les archives de Newton, je sauterais de joie au plafond et m'empresserais de rectifier toutes les pages où je revendique la découverte.
Si un auteur du 19° siècle avait expliqué que l'appropriation des fruits du travail complexe détermine la constitution d'une classe sociale d'exploiteurs, je n'aurais plus qu'à populariser le nom de ce découvreur.... génial.
Seul les sclérosés, les crétins, les imbus, les prétentieux, les fainéants, les perroquets répétants, et tous ceux qui croient que la science est invention et non découverte peuvent ne pas comprendre cette logique.
Newton pensait redécouvrir l'héritage de l'Antiquité.
Je pense redécouvrir ce que Newton avait compris : je suis quasiment certain qu'il existe des archives de Newton avec des ZIGZAGS.
Je suis quasiment certain qu'il est impossible qu'il n'ait pas eu la même idée que j'ai eu en 1999 : les ellipses n'existent que lorque les centres sont immobiles.
Physique ou sociologie ce ne sont que des découvertes et non pas – comme le croient les crétins positivistes tel Einstein – de libres inventions.
Faire une découverte et s'apercevoir qu'on vient de « refaire » cette découverte est plus agréable encore. On est le membre d'une chien scientifique que l'histoire avait interrompu : on remet en lumière un trésor de l'humanité enfoui par les crétins et les barbares.
NOTES
7 Trotsky évoque l'ouvrier français Yvon, membre du P.C.F. qui, après un séjour de onze années en U.R.S.S. (1923-1934), publia une série de trois conférences sous le titre : Ce qu'est devenue la révolution russe (Masses, Paris, 1937), préfacée par P. Pascal. A la suite d'une minutieuse description des conditions de travail et d'existence des travailleurs russes, Yvon explique : "L'analyse russe tend à montrer l'existence possible d'un régime que nous n'avions pas prévu : le règne du technicien économique et social, succédant a l'ère du capitaliste" (p. 63). "Il y a des classes en U.R.S.S.: des classes privilégiées et des classes exploitées, des classes dominantes et des classes dominées" (p. 85). Il définit, en réalité, à côté de la bureaucratie qu'il ne range pas parmi les nouvelles classes une seule classe dominante, celle du "spécialiste-responsable" (première esquisse du manager de Burnham) tout en affirmant : "Les classes des wagons de chemin de fer correspondent très exactement aux classes sociales." (p. 85).
8 La Révolution prolétarienne rassemble dès 1925 un certain nombre d'opposants de gauche exclus autour de Monatte et Rosmer puis Loriot - Journal "communiste-syndicaliste", la R. P. rompit avec Trotsky en 1929 sur les problèmes de l'autonomie et l'unité syndicales et devient l'organe d'un courant anarcho-syndicaliste à tendance pacifiste (Cf. Trotsky, Le Mouvement communiste en France, Paris, éd. Minuit, 1967, pp. 355 et
399.).
Défense du marxisme
L. Trotsky Page 4 / 119
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1 "Craipeau oublie les principaux enseignements du marxisme".
2 « La bureaucratie est-elle bien une classe ? »
3« Défense de l'U.R.S.S. et social-patriotisme.».
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