vendredi 10 avril 2009

La citation de Marx et Engels que donne Ratzinger provient ... d'un texte de 1985 de Joseph Cardinal Hôffner : Systèmes économiques et éthique économ

La citation de Marx et Engels que donne Ratzinger provient


Voilà la citation originale de Marx et Engels 

Feuerbach

Opposition de la conception matérialiste et idéaliste


A. L'idéologie en général et en particulier l'idéologie allemande


De plus, la division du travail implique du même coup la contradiction entre l'intérêt de l'individu singulier ou de la famille singulière et l'intérêt collectif de tous les individus qui sont en relations entre eux; qui plus est, cet intérêt collectif n'existe pas seulement, mettons dans la représentation, en tant qu'"intérêt général", mais d'abord dans la réalité comme dépendance réciproque des individus entre lesquels se partage le travail. Enfin la division du travail nous offre immédiatement le premier exemple du fait suivant : aussi longtemps que les hommes se trouvent dans la société naturelle, donc aussi longtemps qu'il y a scission entre l'intérêt particulier et l'intérêt commun, aussi longtemps donc que l'activité n'est pas divisée volontairement, mais du fait de la nature, l'action propre de l'homme se transforme pour lui en puissance étrangère qui s'oppose à lui et l'asservit, au lieu qu'il ne la domine. En effet, dès l'instant où le travail commence à être réparti, chacun a une sphère d'activité exclusive et déterminée qui lui est imposée et dont il ne peut sortir; il est chasseur, pêcheur ou berger ou critique critique [20], et il doit le demeurer s'il ne veut pas perdre ses moyens d'existence; tandis que dans la société communiste, où chacun n'a pas une sphère d'activité exclusive, mais peut se perfectionner dans la branche qui lui plaît, la société réglemente la production générale ce qui crée pour moi la possibilité de faire aujourd'hui telle chose, demain telle autre, de chasser le matin, de pêcher l'après-midi, de pratiquer l'élevage le soir, de faire de la critique après le repas, selon mon bon plaisir, sans jamais devenir chasseur, pêcheur ou critique. Cette fixation de l'activité sociale, cette pétrification de notre propre produit en une puissance objective qui nous domine, échappant à notre contrôle, contrecarrant nos attentes, réduisant à néant nos calculs, est un des moments capitaux du développement historique jusqu'à nos jours. C'est justement cette contradiction entre l'intérêt particulier et l'intérêt collectif qui amène l'intérêt collectif à prendre, en qualité d'État, une forme indépendante, séparée des intérêts réels de l'individu et de l'ensemble et à faire en même temps figure de communauté illusoire, mais toujours sur la base concrète des liens existants dans chaque conglomérat de famille et de tribu, tels que liens du sang, langage, division du travail à une vaste échelle et autres intérêts; et parmi ces intérêts nous trouvons en particulier, comme nous le développerons plus loin, les intérêts des classes déjà conditionnées par la division du travail, qui se différencient dans tout groupement de ce genre et dont l'une domine toutes les autres. Il s'ensuit que toutes les luttes à l'intérieur de l'État, la lutte entre la démocratie, l'aristocratie et la monarchie, la lutte pour le droit de vote, etc., etc., ne sont que les formes illusoires sous lesquelles sont menées les luttes effectives des différentes classes entre elles (ce dont les théoriciens allemands ne soupçonnent pas un traître mot, bien qu'à ce sujet on leur ait assez montré la voie dans les Annales franco-allemandes et dans La Sainte Famille [21]); et il s'ensuit également que toute classe qui aspire à la domination, même si sa domination détermine l'abolition de toute l'ancienne forme sociale et de la domination en général, comme c'est le cas pour le prolétariat, il s'ensuit donc que cette classe doit conquérir d'abord le pouvoir politique pour représenter à son tour son intérêt propre comme étant l'intérêt général, ce à quoi elle est contrainte dans les premiers temps. Précisément parce que les individus ne cherchent que leur intérêt particulier, — qui ne coïncide pas pour eux avec leur intérêt collectif, l'universalité n'étant somme toute qu'une forme illusoire de la collectivité, — cet intérêt est présenté comme un intérêt qui leur est "étranger", qui est "indépendant" d'eux et qui est lui-même à son tour un intérêt "général" spécial et particulier, ou bien ils doivent se mouvoir [22] eux-mêmes dans cette dualité comme c'est le cas dans la démocratie.

Voilà la citation du cardinal Höffner :

I. Les économies centralement administrées comme modèle idéal
Dans l'économie centralement planifiée, conçue sous sa forme idéale -.les caractéristiques
structurelles de l'économie de marche son supprimées. Il n'existe aucune propriété privée des
moyens de production. L'offre et la demande ne sont pas harmonisées sur le marché par la
concurrence. Une administration centrale disposant de pouvoirs énormes établit le plan économique qui réglemente jusque dans le détail la production, les procédés techniques et le partage du produit national. Ce plan est obligatoire pour l'ensemble du processus économique. Karl Marx affirmait que l'économie centralement planifié s'imposerait partout sur terre selon la loi du matérialisme dialectique. Plus la technique et l'économie se développent dans un pays, plus
la misère de la masse, l'oppression, l'esclavage, la décadence, l'exploitation augmentent de façon
pour ainsi dire inévitable, mais aussi la révolte de la classe ouvrière. „L'écorce capitaliste“
volera en éclats.
D'après l'analyse marxiste le saut dialectique du capitalisme au socialisme marxiste aurait
d'abord dû se produire dans les pays hautement industrialisés tels que l’Angleterre, les Etats-
Unis et l’Allemagne. En réalité, le marxisme est venu au pouvoir dans des pays agraires tels
que la Russie, la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie, la Chine, etc. et assurément pas par la dialectique, mais par la force des armes.
Le matérialisme dialectique accorde à l'ordre économique un rôle déterminant l'ensemble de la
vie sociale. Après tout Karl Marx affirmait que les „contenus juridiques, politiques, religieux,
artistiques ou philosophiques de ce qu'il appelait la superstructure idéologique“ étaient „conditionnés“, „déterminés“, „causés“, „transformés“, „traduits“, „bouleversés“ et „produits“ par les circonstances économiques. Le contenu intellectuel découle d'après Karl Marx et Friedrich Engels, de l'économique; il s'inspire des relations sociales qui en sont la „cause“.93 Toutes ces formulations sont - comme les thèses du matérialisme dialectique en général - des simplifications vagues, unilatérales et extrêmement contestables.
Après l'effondrement du capitalisme suit d'abord une période qui apparaît dans un flou étrange.
„Entre la société capitaliste et la société communiste, il y a la période de la transformation révolutionnaire de l'une vers l'autre. Elle correspond aussi à une période de transition politique
dont l'Etat ne peut être rien d'autre que la dictature révolutionnaire du prolétariat“.94 C'est seulement après la victoire totale sur les Etats capitalistes que commence - selon la pseudodoctrine marxiste des différentes étapes de l'évolution sociale - la phase finale, celle du paradis communiste. Karl Marx lui-même, dans la description détaillée de la phase terminale, a été réservé. Il qualifie cet état de „règne authentique de la liberté“. La „coopération“ et „la propriété commune de la terre“ feront de l'humanité „une grande association d'hommes libres“. Alors la société pourra inscrire sur ses bannières „chacun selon ses aptitudes, chacun selon ses besoins“.
95 Une nouvelle ère commencera; selon la prophétie de Karl Marx, chaque homme pourrait
faire aujourd'hui ceci, demain cela: „aller à la chasse le matin, à le pêche l'après-midi et
faire de l'élevage le soir. Il pourra également critiquer la nourriture ...quand il en aura précisé-
93 Cf. Karl Marx, Zur Kritik der politischen Ökonomie. Réédition Berlin 1947, p. 13 f.
94 Karl Marx, Kritik des Gothaer Programms (1875). Réédition Berlin 1946, p. 29
95 ibid, p. 19 ff.
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ment envie“.96 Lénine, à son tour, s'est prononcé sur ce messianisme sécularisé: „Alors la porte
de la transition de la première phase ...à 1a phase supérieure ...sera largement ouverte“. Il
n'ignorait pas que les intellectuels bourgeois n'auraient pour cette doctrine qu'un „ricanement“
et qu'ils la qualifieraient de „pure utopie“ dès lors que tout citoyen aurait reçu la promesse, sans
aucun contrôle de son travail, „d'avoir autant de truffes qu'il voulait, autant de voitures, de pianos,
etc.“97 Le 18 Octobre 1961, Khrouchtchev s'est même hasardé à prophétiser que la société
communiste avec „sa coupe de richesses toujours débordantes“ serait constituée avec ses caractéristiques essentielles dans les 20 prochaines années. Herbert Marcuse a cru lui aussi dans la grande libération et dans „l'homme nouveau“ qui „ne serait plus l'objet d'une spéculation plus
ou moins grande, mais qui pourrait presque dériver de l'état des forces productives“.98 L'abus
de pouvoir, selon Jürgen Habermas, peut être prévenu dans le collectif socialiste grâce „au
principe de discussions générales et libres de toute domination“.99

On remarque (mais serait-ce un double bug de traduction) la confusion entre la description de Marx et Engels de l'état des sociétés et ce qui est présenté comme projet. Par ailleurs, aussi, l'absurdité de prévoir la possibilité de ... critiquer la nourriture !!!!

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