Un texte publié le 15 février sur usenet-Google
A la fin de chaque séance d'atelier langage (1), je demande aux enfants d'exprimer ce qu'ils ont préféré faire et pourquoi. Chaque enfant prend la parole à l'aide du bâton à parole (outil - stylo, feutre ou autre - permettant d'organiser la prise de parole; lorsqu'un enfant l'a dans les mains, les autres ne doivent pas lui "prendre" la parole) et exprime son avis .
Voici un petit aperçu de l'évaluation PAR LES ELEVES en grande section de maternelle (5 ans en 2007):
- Haby : "moi, j'ai préféré les marionnettes parce que c'était marrant"
- l'assistante pédagogique "tu as préféré lorsque c'était vous, les enfants qui les aviez dans les mains ou lorsque c'etait moi qui les utilisais" -
- "lorsque c'est nous"
D'autres enfants lèvent la main
- Quentin : "j'ai bien aimé quand Kylian, il nous posait des questions" (Kylian avait initié une histoire qu'ils inventaient ensemble et il interrogeait les autres personnages (représentés sous forme de marionnettes))
- Jeremy : "moi j'ai préféré le château fort"
- l'assistante pédagogique : "qu'est ce que tu as aimé faire avec le château fort, lorsqu'on a regardé le livre, lorsque l'on a joué avec les Playmobils en princes, princesses et chevaliers ou quand on a utilisé le château fort"
- Jeremy :" les Playmobils"
- Léa ajoute :" elles étaient belles les princesses !"
Ici, les enfants ont tous apprécié un élément dans la séance. Mais, il arrive aussi que certains me disent "moi ça ne m'a pas plu".
Ce temps prévu pour que chaque enfant exprime son avis concernant le travail est primordial pédagogiquement.
D'abord, les enfants apprennent à exprimer ce qu'ils pensent mais aussi à l'argumenter. C'est un peu la base d' un système démocratique.
Ensuite, cela me permet, en tant que pédagogue, d'analyser mon travail. Certes, l'analyse est limitée ici, car les enfants n'expriment pas l'intérêt de la séance en terme d'acquisition de connaissances et de compétences . Mais, partant du postulat qu'un enfant qui a du plaisir à apprendre progresse plus vite qu'un autre, ce critère d'évaluation est utile. Par exemple, si un enfant me dit "s'être ennuyé", je reverrai ma copie.
Tout bon pédagogue souhaite être évalué par ses élèves.
Et, l'attitude des syndicats enseignants en dit long sur ce qu'est devenue la caste des profs. Ce sont des formois qui cherchent à avoir une situation bien tranquille dénouée de tout jugement. Seuls les inspecteurs, qui font eux aussi partie de cette caste, peuvent les juger.
Mais, refuser que les élèves vous jugent est un comportement autoritaire et dictatorial. Un système politique qui refuse la liberté de pensée est une dictature. Il en est de même dans un système éducatif.
Ce refus d'être noté par leurs élèves alors que eux les notent et, très sévèrement souvent, démasque une pédagogie dans laquelle l'apprenant a tous les pouvoirs et l'apprenti n'en a aucun.
C'est cette pédagogie rétrograde et répétante qui est prônée par votre gouvernement.
Je salue, ce groupe de droite qui, sans le conscientiser, défend des idées dignes de l'héritage des révolutions culturelles de Chine et dans une moindre mesure celle de mai 68.
Julie Amadis
Assistante pédagogique (victime de la valeur travail de Nicolas Sarkozy; payée 534 euros pour 36 heures de travail hebdomadaire (18 heures avec les élèves et 18 de préparation).
1 Je suis assistante pédagogique, en maternelle; je suis chargée d'animer un atelier langage, les enfants viennent par groupe de 6.
Les histoires de CP (projet achevé en juin 2007, « oublié » par les instits depuis)
http://colleges.ac-rouen.fr/varlin/ecole_primaire/Index.htm
mardi 20 mai 2008
Des enfants de maternelle "notent" (à leur manière) leur enseignante
Libellés :
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