Pour une clarification de la dégénérescence de la 4° Internationale fondée en 1938 par Léon Trotsky, il faut clarifier le trajet suivi par Moreno et ses compagnons trotskystes sud-américains. Leur résistance aux renégats opportunistes de la clique SWP-LCR connu son apogée dans la Brigade Simon Bolivar réprimée en 1979 par les formois-bourgeois du Front sandiniste. En mettant en lumière toutes les lacunes formoises de leur positions politiques il faut relever le fait que leurs confusions les entrainaient parfois vers le chemin de l'égalitarisme.
Le texte qui va être l'objet d'une analyse critique ci-dessous a été publié sous le nom de « Eléments pour un bilan de la LIT et du morénisme » et signé par JEAN-PHILIPPE DIVÈS.
Son chapeau introductif mentionnait les circonstances de sa rédaction, de sa publication et de sa numérisation sur Internet :
Avant-propos
Le texte reproduit ici a été écrit au milieu de 1999 pour un débat organisé au sein de l’un des secteurs issus de la crise et de l’éclatement de la LIT, l’organisation internationale « moréniste ». Il a été publié en France en brochure (par les militants de l’ex-Ligue socialiste des travailleurs, alors intégrés à Voix des travailleurs) et en Argentine dans le cadre d’un livre collectif édité par le MAS.
(…)
Si l’auteur s’est néanmoins laissé convaincre (par le camarade d’Avanti ! qui a pris la peine de scanner la brochure française – merci à Sylvestre Jaffard) de remettre ce texte à disposition, c’est qu’il semblerait présenter un intérêt autre que simplement « historique » au regard de la trajectoire particulière d’un courant spécifique du trotskysme. En premier lieu, parce qu’y sont développées des analyses ou tentatives d’analyses plus générales sur des sujets restant actuels. Et deuxièmement, parce que malgré son éclatement le « morénisme » reste plus que jamais présent : les militants qui s’en réclament ou en sont issus continuent d’agir dans nombre de pays, principalement en Amérique Latine où ils sont la majorité de « l’extrême gauche » – parfois pour le pire, et parfois pour le meilleur.
Ce qui est frappant, c'est l'incapacité à atteindre un point de vue égalitariste anti-formois : la question de l'analyse de classe de l'URSS reste constamment suspendue dans le vide.
Elle n'est accompagnée d'aucune interrogation sérieuse sur la nature du capital possédé – capital humain réellement détenu par la formoisie exploiteuse d'URSS.
Cette analyse de classe n'est accompagnée d'aucune interrogation réelle sur l'existence – hors des pays de l'Est – de classes jumelles de cette « classe exploiteuse » russe.
Et tout cela va de pair avec l'absence d'interrogation réelle sur les stratégies inégalitaristes adoptées par les partis radical-formois d'Amérique du Sud. D'aucune interrogation sur l'acharnement de ceux-ci à préserver les hiérarchies des salaires et les privilèges salariaux des diverses couches des classes formoises de chaque pays de ce sous-continent.
L'égalitarisme pourra-t-il, en défense du marxisme, en défense du dia-marxisme, en défense du post-marxisme, philosophiquement matérialiste dialectique, parvenir à imposer le véritable débat théoriques aux courants gauche issus du moreniste.
Rien n'est moins sur.
Pour l'instant, ils auraient plutôt tendance à répondre aux abonnés absents.
La routine intellectuelle, la sclérose pseudo-conceptuelle sont – pour certains « intellectuels » (entre guillemets) « révolutionnaires (entre guillemets) plus pesantes que l'urgence de donner un cadre conceptuel, un socle théorique à notre combat pour le partage mondial des richesses.
Les séquelles formoises, l'arrogance du diplôme, l'arrogance du petit chef que l'ancien militant OCI-PCI Vincent Présumey dénonce par ailleurs de façon drôlissime, exercent toujours leurs ravages.
La rupture de Natalia Trotsky avec les formois favorables au passage du (faux) trotskysme, sous le terme d'entrisme sui generis, dans les jupes de la formoisie mondiale reste toujours un acte sans suite réelle.
Ce ne sera que la construction d'un nouveau collectif intellectuel révolutionnaire mettant en oeuvre un nouveau combat théorique qui sera le pendant positif de ce geste révolutionnaire qu'elle accomplit le 9 mai 1951 par sa déclaration de rupture avec la 4° Internationale.
Ce collectif intellectuel révolutionnaire – instrumentalisant les concepts dia-marxistes de « capital humain », de « plus-value formation », de « formoisie », d' « innovoisie », de « productivité historique », de « potentiel productif machine », de « potentiel productif humain », pourra commencer à construire l'arsenal de nos « missiles théoriques » au sens que donna Marx à cette expression.
Ce collectif intellectuel révolutionnaire – instrumentalisant les concepts post-marxistes de « Lutte des strates », de « strate des répétants », de « strate des innovants », de « strate des parasites », de « productivité historique », pourra commencer l'édification de notre nouvelle encyclopédie.
Ce travail aura pour socle la construction d'une nouvelle science philosophique accompagnant la révolution scientifique dont les contours se résuméront à un retour au Newton physicien et au Lénine de « Matérialisme et empiriociriticisme ».
Tout le monde sait que le renouveau de l'héritage révolutionnaire de 1789, de 1793 ne s'est pas construit sur les décombres de l'héritage napoléonien. Tout le monde sait que le marxisme de 1848 ne s'est pas construit sur les décombres du robespierrisme, ni de l'hébertisme, ni du babouvisme. L'invention de la lampe électrique ne s'est pas faite par un perfectionnement de la technologie de la bougie.
La construction des bases, du socle du marxisme s'est faite par un chemin radicalement différent.
En conséquence, on peut s'interroger sur le fait que le morenisme, tout entaché de préjugés formois, de carences formoises, de lacunes formoises, et de revendications formoises, puisse devenir un point d'appui pour la construction du parti mondial égalitariste.
On peut s'interroger sur le fait que les décombres du morenisme agonisant produisant tout à la fois de l'opportunisme réformiste formois et du sectarisme passivement apocalyptique – tout autant formois – puissent apporter quoi que ce soit au renouveau du dia-marxisme, du post-marxisme.
Mais il y a une différence à prendre en compte : Ni Robespierre, ni Hébert, ni même Babeuf, n'avaient de prétentions , de revendications, théoriques, conceptuelles.
Tandis que la formoisie infiltrée dans les organisation prétendument trotskystes, bolchéviques, non seulement revendique l'héritage de Octobre 1917, mais surtout – et c'est cela qui nous importe – elle revendique un statut de scientifique pour ses analyses.
C'est la raison pour laquelle, les militants égalitaristes ont tout à gagner d'une liberté d'expression absolue dans les débats avec les résidus du désastre formois des organisations se prétendant « trotsksytes ».
Nous - qui avons la conviction d'emporter l'accord d'un Trotsky de 1938, quant à l'existence d'un capital humain servant de socle à une nouvelle classe exploiteuse, nous qui avons la conviction de la continuité de notre combat avec celui de Natalia Trotsky, celui de l'Alexandra Kollontai d'avant sa mort politique, celui de Chliapnikov, celui de tous les Bolchéviks morts pour défendre l'URSS égalitariste d'avant 1922, - nous avons tout à gagner au débat avec tous ceux qui se veulent agents pratiques appliquant sur le terrain de la lutte des classes, les concepts scientifiques historiques, sociologiques, économiques, psychologiques les plus élaborés, les plus pertinents, les plus scientifiques.
Les formois de la LCR ne s'y sont pas trompé en bannissant de leur site officieux « revolution celeonet » quiconque critique les gangsters trafiquants de drogue des FARC. Leur militant Toussaint tient le porte-voix de la LCR pour appeler à l'assassinat de quiconque voudrait quitter les FARC, nous sommes avertis ! Quiconque critique le positiviste antimatérialiste Einstein, quiconque revendique le matérialisme sera, tant qu'ils y auront le pouvoir, banni par ces gens-là. Et surtout seront bannis ceux qui démasquent leur véritable motif : ils luttent contre quiconque combat pour l'égalitarisme et le véritable partage des richesses.
Que ce texte incite les militants et sympathisants honnêtes de la LIT à remettre en cause positivement ce qu'ils considèrent encore être l'héritage du marxisme et qui n'est qu'accumulation de préjugés formois, d'ignorances formoises et de réclamations formoises.
Il n'existe pas de science formoise. Cette classe exploiteuse se contente de secréter de l'idéologie.
Le discours stupide, limité, et arrogant d'un Olivier Besancenot est parfaitement représentatif du point actuel de dégénérescence de cette classe sociale politiquement à l'agonie.
Ce n'est qu'aux trois quarts de la rédaction de ce texte que je découvris sur Internet que l'auteur de ce texte était militant du NPA.
A propos de « trotskysme et révisionnisme »
L'idée maîtresse ayant présidé à la formation de la Quatrième Internationale (Comité international) – et reprise ensuite lors de la fondation de la LIT – était en effet que la crise historique du mouvement trotskyste provenait de la pression exercée sur ses rangs par des forces politiques et sociales hostiles, incarnées dans le phénomène du « révisionnisme », et que la tâche des courants authentiquement trotskystes était en conséquence de « réorganiser ou reconstruire » la Quatrième Internationale en défaisant politiquement ce révisionnisme.
YT : Il est clair que c'est la classe formoise qui – sous différents déguisements et de façon parfaitement hypocrite – pèse sur la 4° Internationale pour détruire toute possibilité qu'elle évolue vers l'égalitarisme. C'est le même processus que celui que combattait Engels dans la 2° Internationale contre les forces formoises cachées derrière Bernstein puis Kautsky..
Ce dernier aurait commencé à surgir, du vivant de Trotsky, sous la forme du courant « antidéfensiste » au sein du SWP nord-américain (affirmation reprise dans l’Actualisation…, dans les Thèses de la QI-CI et ensuite dans celles de la LIT), et aurait pris après la Deuxième Guerre mondiale la forme du pablisme, du mandélisme et finalement du philo-castrisme du SWP.
YT : Bien au contraire : l'analyse de l'URSS en tant qu'Etat formois, en tant qu'Etat structurant l'exploitation des non-diplômés par la classe formoise donne les clés de son évolution.
Nous savons maintenant que tel n'était pas le cas, que la réponse était erronée parce que le problème était mal posé.
YT : Oui, mais à la condition de retourner poser le problème à partir de l' »erreur de Marx » quant au travail complexe.
Le problème était beaucoup plus vaste et global, il résidait dans les limites mêmes du trotskysme, dès sa formation en tant que courant politique indépendant, limites auxquelles n'a échappé aucun des courants qui en sont issus, quoiqu'il y ait eu de notables différences, notamment entre ceux qui tentaient de maintenir une politique d'indépendance de classe et ceux qui se sont effectivement adaptés à des forces de classe étrangères au prolétariat.
YT : L'auteur JEAN-PHILIPPE DIVÈS persiste à utiliser le terme « prolétariat ». Comment pourra-t-il espérer mettre la lumière quand il procède comme le ferait un critique de 1948 qui débattrait avec Marx et Engels en persistant à utilisant le terme de « Tiers Etat », sans voir les fractures de classe à l'intérieur de ce groupe hétérogène.
Ces limites ont leur origine dans l'incapacité de l'Opposition de gauche puis de la Quatrième Internationale à comprendre théoriquement et politiquement jusqu'au bout le phénomène du stalinisme, c'est à dire les formes totalement inédites et imprévues prises par la contre-révolution en URSS, et à délimiter en conséquence un projet clairement alternatif.
YT : L'auteur se trompe quand il suppose que le « stalinisme » serait la clé globale. En effet, le poids de la formoisie sur le groupe des travailleurs a commencé à peser bien avant que Staline en devienne le chef russe.
Le livre « Que faire » était déjà une lutte contre la formoisie russe. La lutte contre les méncheviks était une lutte contre la formoisie. Etc...
Ces luttes en Russie prolongeait les luttes de Engels contre la formoisie allemande. Elles prolongeaient les luttes des anarcho-syndicalistes français contre la formoisie qui défendait ses syndicats de métiers contre les syndicats d'industrie.
Elles se sont exprimées dès les fin des années vingt, lorsque Trotsky et l'Opposition de gauche appuyèrent en URSS les mesures de « collectivisation » des campagnes, d'étatisation et d'industrialisation à marche forcée (en en critiquant uniquement les méthodes), qui furent engagées simultanément à la suppression de tous droits démocratiques pour les travailleurs.
YT : Non, sur cet aspect, on peut constater que Alexandra Kollontai et Chlianikov, dès l'année 1918 relevaient déjà des erreurs de Lénine (et de Trotsky) sur les concessions faites à la formoisie. Les spetz – pour ceux qui n'étaient plus en grève contre la révolution – étaient déjà à l'offensive et ce fut l'opposition ouvrière qui commença la résistance avant que Trotsky ne prenne conscience de ses propres bourdes. Les questions d'écarts de revenus (qui vont se creuser à partir de janvier 1922) et la question de « Qui dirige ? » dans les entreprises seront les lieux du combat de classe de la formoisie pour défendre ses privilèges.
Le trotskysme ne réussit pas à comprendre que cette transformation, non seulement ne marquait pas un « tournant à gauche » de la bureaucratie comme il l'interpréta de façon grossièrement erronée, mais signifiait la liquidation définitive de l'« Etat ouvrier » (ou dictature du prolétariat, ou transition au socialisme).
YT : Idem. L'auteur met la charrue avant les boeufs : il faudrait commencer par l'analyse de quelles sont les classes en présence pour clarifier. Il critique Trotsky en restant dans le cadre théorique de ses erreurs.
En effet, l'étatisation bureaucratique de toute l'économie, concomitamment à l'extension du contrôle totalitaire de tous les aspects de la vie sociale et politique, donnait à la nouvelle caste (ou classe) dominante la base économique d'un nouveau mode bâtard d'exploitation des travailleurs (d'appropriation de la plus-value par l'intermédiaire de l'Etat), qu'elle parvint à stabiliser pour des décennies et même à étendre internationalement.
YT : L'expression confuse « nouvelle caste (ou classe) dominante » revèle le fait que le texte de JEAN-PHILIPPE DIVÈS est un brouillon. Il est le brouillon du texte que cet auteur devra écrire lorsqu'il aura compris la nature de la classe du groupe qui choisit Staline comme leader.
Toute la volonté révolutionnaire authentique du trotskysme s'en trouva bridée, souvent déformée, et parfois annulée.
YT : Il est certes vrai que beaucoup de formois et de membres d'autres classes adhérèrent au Trotskysme avec une réelle volonté révolutionnaire humaniste. Beaucoup de militants trotskystes – à commencer par Trotsky lui-même – auraient été gagnés à l'égalitarisme.
La conception schizophrénique selon laquelle l'URSS était sur le plan politique une dictature de la bureaucratie, mais demeurait sur le plan socio-économique une dictature du prolétariat, empêchait de développer une politique révolutionnaire totalement indépendante.
YT : Oui.
L'une des expressions hautement négatives de cette contradiction fut le soutien apporté par Trotsky et Cannon, en 1939-40, à l'invasion par l' « armée rouge » de la Finlande, des Pays Baltes et de la Pologne (cette fois encore, en n'en critiquant que les méthodes).
YT : Je souhaiterais disposer des textes de chacun de ces deux auteurs pour me prononcer.
Il n'y a aucun doute qu'au cours du débat que cette question provoqua dans le SWP, c'est le courant de Shachtman et Draper qui, indépendamment des erreurs théoriques et politiques qu'il commit également, défendit alors une position marxiste révolutionnaire de principes.
YT : C'est en effet le courant qui devint ensuite le plus droitier qui se rapprochait le plus du concept de classe formoise. La position de Shachtman faisait suite à celle de l'italien WWW.
Il est amusant de constater qu'une lettre de 1931 à l'intention de ce même Shachtman donnait l'occasion à Trotsky de décrire le poids de la formoisie dans les groupes sectaires et opportunistes qui se faisaient et se défaisaient autour de lui.
2 août 1931
Cher camarade Shachtman,
Merci pour les deux dernières brochures, qui sont bien arrivées. Je n'ai rien à redire à un changement de titre de la brochure espagnole. Au contraire, celui-ci est bien meilleur que le titre d'origine. Je me réjouis fort que les brochures marchent si bien.
Quelques mots sur Naville. Vous mentionnez le fait que son article critique sur la grève est resté sans réponse. Je dois avouer que je ne l'ai pas lu. Naville a longtemps biaisé pour ne pas prendre position sur les questions essentielle car toujours et partout , il se trouvait être lié au groupe qui avait une position erronée. Il est toujours resté embusqué, sortant son article critique pour gonfler des erreurs tactiques réellement commises par l'autre côté, ce qui lui permet de rester lui-même masqué. Il ne faut pas exagérer en recherchant dans chaque cas une ligne de principe. Il existe des groupes et des individus qui n'ont pas de ligne principe et qui n'en ressentent pas le besoin mais qui veulent seulement se promener aux alentours de la révolution, mener un combat idéologique, jouer un rôle. On peut également trouver à cela une base sociale : la société capitaliste produit d'assez nombreuses nuances d'intelligentsia petite-bourgeoise, n'ayant que des qualités purement formelles, sans racines sociales profondes et dénuées de toute conscience de leurs responsabilités. Il faut hélas faire sans cesse la même constatation : certains nous ont rejoint, non pas parce que nous sommes une opposition marxiste, mais parce que nous sommes une opposition tout court, et parce qu'ils n'ont ni la volonté ni la possibilité de soumettre leurs vaines capacités à la discipline qu'exige une cause sérieuse. Par exemple pour la clique de Landau, le groupe "Mahnruf", il est impossible de juger d'après leur plate-forme, car ce groupe se pare des plate formes les plus diverses. On ne peut les combattre sur la base d'idées bien précises, mais seulement en raison de leur absence d'idées. Cela semble également valoir pour Naville. Avec le petit cercle qui l'entoure, il voyage en nomade, du communisme à la Révolution surréaliste, de la Révolution surréaliste à l'opposition; il oscille de la droite à la gauche, se rallie à nous sans vraiment se rallier, et reste à la ligue tout en maintenant des liens avec Landau et Gourget. Il ne gagne personne à lui, au contraire; chemin faisant, il perd même ses amis les plus proches. Gourget se rebiffe maintenant avec énergie contre lui et veut faire machine arrière.
Vous demandez quelle est la position politique de Rosmer. On ne peut guère dire qu'il en adopte une. Mais il est lié à Naville et Landau, et s'est mis dans une situation très fâcheuse. Il a écrit à l'Opposition belge une lettre fort désagréable leur reprochant leurs méthodes zinoviévistes, etc... A la demande des camarades belges, il m'a fallu répondre directement, et donc sortir de ma réserve. Cela rend la situation plus difficile, bien sûr mais je n'y peux vraiment rien.(L Trotsky Oeuvres 1931)
YT : Trotsky ne comprit pas qu''il fut victime, dans cette affaire, des magouilles du groupe formois autour des Cannon and Co.
Son acharnement à défendre l'« oeuvre de sa vie » que fut l'URSS, ses lacunes en philosophie, ses carences en économie virent s'ajouter à cela la flagornerie des groupes dont l'objectif réel était la défense des intérêts de la formoisie étasunienne, comme l'avenir le montrera.
Cela lui valut cependant d'être exclu pour « révisionnisme », dans ce qui constitua au sein de la Quatrième Internationale – depuis la conférence de fondation de 1938 – la première scission d'ampleur d'une suite qui devint ininterrompue.
YT : L'usage de méthodes stalinienne était et est typique de la classe formoise. Son appartenance à la strate des répétants la caractérise comme toujours préférant les méthodes administratives et la répression plutôt que la pédagogie, le libre débat et …. la scission.
Après-guerre, cette même conception, qui reposait sur une déformation étatiste de l'idée marxiste de la construction du socialisme, et que Trotsky avait défendue dans le cadre d'une analyse et de prises de position souvent pleines de contradictions, fut réaffirmée de façon unilatérale par la grande majorité des trotskystes.
YT : C'est tout à fait juste. A la stricte condition de définir comme « formois » le type d'Etat construit en URSS.
Cela les conduisit à voir de nouveaux « Etats ouvriers » dans les pays que la bureaucratie soviétique avait occupés et étatisés par la force, ainsi que dans ceux où les mêmes résultats avaient été obtenus sous la direction d'organisations staliniennes ou petites-bourgeoises, dans des processus révolutionnaires anti-impérialistes et anticapitalistes – mais non socialistes.
YT : Ce sont tous des Etats formois, ainsi que l'indiquaient les « 30 thèses pour une révolution pédagogiques » de 1993.
Pour la Quatrième Internationale après-guerre, les staliniens s'avéraient ainsi capables d'instaurer de nouvelles dictatures prolétariennes, d'inaugurer de nouvelles transitions au socialisme...
YT : Non ! L'auteur sème la confusion : ce que Marx appelait prolétariat c'était fondamentalement un groupe d'exploités. Les dictatures de l'Est, ce sont des dictatures de la classe formoise.
Pour les plus orthodoxes des trotskystes orthodoxes – dont le morénisme –, cette anomalie s'expliquait uniquement par les « conditions objectives », par la « force » et la « dynamique objective » de la révolution permanente ; selon eux, le stalinisme et l'ensemble des directions qui lui étaient apparentées demeuraient malgré cela « contre-révolutionnaires jusqu'au bout ».
YT : Contre-révolutionnaire au sens où Thermidor stabilisait le pouvoir révolitionnaire de la bourgeoisie. Mais aussi «contre-révolutionnaire » au sens où la bourgeoisie de 1917 préférait le tsarisme au bolchévisme, au sens où Besancenot et sa classe préfèrent Sarkozy et l'Etat bourgeois plutôt que la révolution anticolonialiste et la mise en place de l'égalitarisme total.
Ce sont deux types différents de pratiques contre-révolutionnaires.
Dans certaines circonstances – Trotsky – avait raison, on pouvait voir la formoisie (mais il ne la voyait pas) mettre en oeuvre l'abolition du capitalisme.
Une telle explication demeurait cependant extrêmement contradictoire et, en définitive, très peu matérialiste puisqu'elle affirmait l'existence de révolutions ouvrières sans rôle dirigeant de la classe ouvrière voire sans classe ouvrière, et de transitions au socialisme sans facteur révolutionnaire conscient – ni parti, ni conseils...
YT : La confusion n'est que dans la tête de Jean-Philippe Divès.
II était donc logique qu'apparaisse un autre courant, qui « résolut » de son côté la contradiction en commençant à étendre au stalinisme lui-même (et/ou aux directions bureaucratiques et petites-bourgeoises qui lui étaient apparentées) les caractéristiques positives reconnues par l'ensemble des trotskystes aux Etats supposément « ouvriers » qu'il avait engendrés.
YT : Non. Il était logique que les courants issus du trotskysme, tels les tournesols vers le soleil se tournent régulièrement en direction de l'Etat de leur classe.
Les sommets des formoisies de l'ouest préfèrent l'Etat capitaliste américain et ses agences des partis socialistes. De la même façon les moyennes formoisies étatiques adhérèrent au FO financé par la CIA.
Les bases sociales du trotskysme en Europe devront être étudiées pour clarifier les mobiles des groupes sociaux qui servirent de vivier à la LCR, à l'OCI et à Lutte Ouvrière.
Tel fut le point de départ du pablisme et du mandélisme, c'est-à-dire des conceptions et courants que les orthodoxes appelèrent révisionnistes.
YT : Les lambertistes et les militants de Lutte Ouvrière sont , eux-aussi des militants provenant de la formoisie.
Mais plutôt qu'une opposition absolue, on avait là deux faces d'une même théorie insuffisante et donc erronée.
YT : Oui. A condition de conceptualiser la « formoisie ».
Loin de toute « incompatibilité », on vit d'ailleurs le « révisionnisme » et l'« orthodoxie » s'entrecroiser ou se mêler à différents moments et dans différentes organisations. Il est très significatif que dès 1948, après le 2ème congrès de la Quatrième Internationale, ce soit la quasi totalité des forces trotskystes qui ait vu en Tito et la direction titiste, qui venaient de rompre avec Moscou pour des raisons tenant uniquement à des intérêts bureaucratiques divergents, des « révolutionnaires en rupture avec le stalinisme », voire même « trotskysants ».
YT : Ce sont des querelles internes à la formoisie. Aucun de ces groupes ,ne parvint à se rapprocher d'une quelconque lutte réelle pour le pouvoir, dans aucun pays au monde. A peine – comme à Ceylan au début des années 60, comme au Portugal après 1975, au Nicaragua en 1979 ou en mai 68 – la question du pouvoir est-elle posé qu'une partie du « trotskysme officiel » dégénère à vitesse grand V et enlève le masque.
Il faut aussi souligner le fait que la direction historique du SWP (Cannon-Hansen), bien avant que la nouvelle direction de Barnes n'aille jusqu'au bout et finisse par se ranger avec armes et bagages dans le camp du castrisme, n'avait jamais accepté l'idée que les travailleurs de Cuba devaient réaliser une révolution contre l'Etat castriste ;
YT : Cela révèle leur incompréhension totale du coup d »Etat thermidorien que réalisa Castro par l'expulsion - et la mort – de Che Guevara. Benigno, dans son livre nous montre la persécution que durent subir, sans la comprendre, ceux qui s'opposaient à la formoisie pro-russe.
Il n'y a rien d'extraordinaire à ce que le principal leader de la révolution anticapitaliste devienne le chef d'orchestre de la contre-révolution formoise.
Les formois étasuniens ont des raisons de classe de refuser de comprendre cela !
ou encore, la trajectoire d'un courant tel que le healysme (SLL/WRP de Grande-Bretagne), qui était allé jusqu'à à se lier de façon honteuse à des dictatures du monde arabe.
YT : La double base des partis dirigeants ces pays : formois et petite (et moyenne) bourgeoisie réclamerait une étude particulière pour ce cas de dégénérescence.
Quant à ceux qui devinrent opportuniste face aux islamo-fascistes iraniens. On quitterait le domaine de la sciences pour passer à celui des pathologies lourdes qu'étudia Wilhelm Reich dans son « Psychologie de masse du fascisme ».
L'interprétation moréniste du phénomène « révisionniste » a elle-même subi de nombreuses évolutions. Sans remonter plus loin dans le temps, on peut rappeler que Nahuel Moreno affirmait lors de la fondation de la LIT que « le centre du révisionnisme est le SU », car « c'est lui [c'est-à-dire le courant pabliste puis mandéliste] qui, depuis près de trente ans, mène cette politique que nous combattons aujourd'hui chez l'OCI ».
YT : Il est clair que la LCR et le SU sont des centres de défense des intérêts de classe de la formoisie particulièrement puissants.
Mais il faut relier cela avec le fait que la LCR de 1975 est l'une des organisations les plus démocratiques qui aient jamais existé sur Terre.
Il faudra étudier cette apparence de contradiction.
Cependant, quelques années plus tard, les Thèses sur la situation mondiale de 1984 puis le Manifeste de 1985 formulaient une autre analyse. Une distinction fut alors établie entre deux types de révisionnisme, celui qui se caractérise par des rapports organiques de dépendance et de corruption, et celui qui « sans être l'agent d'une bureaucratie, maintient un cours révisionniste de capitulation politique » (Thèses de 1984). Le premier type, incarné par l'OCI/PCI devenue une « agence de l'appareil social-démocrate, de sa bureaucratie syndicale et de son gouvernement impérialiste en France », ainsi que par le SWP étasunien, transformé en « partie intégrante et inconditionnelle du castro-sandinisme » (Manifeste de 1985), était considéré comme passé de l'autre côté de la barrière de classe. Mais ce n'était plus le cas du SU, incarnation du second type de révisionnisme au sujet duquel il était alors signalé que « si la montée ouvrière en Europe ne parvient pas à faire en sorte que le mandélisme abandonne cette voie de capitulation devant les directions du mouvement de masse, alors, ce courant sera définitivement perdu pour la construction de la Quatrième Internationale » (Manifeste).
YT : Le fait de relier l'opportunisme à l'existence d'une bureaucratie et aux intérêts de celle-ci est l'un des masques que la classe formoise utilisa pour masquer ses stratégies et ses tactiques.
La classe formoise française n'a pas besoin de la CGT et de ses appareils syndicaux pour souhaiter augmenter la part qu'elle prélève sur le vol de plus-value que subissent nos cousins africains.
Quand Besancenot se bagarre pour que sa base sociale gagne 2000 euros par mois – revenication cachée sous celle de la demande de 300 euros pour tous et d'un SMIC à 1500 euros – il ne s'agit pas d'un opportunisme vis-à-vis d'une bureaucratie.
Le texte du SWP est d'une tartufferie absolue. Et l'opération de communication quji l'accompagna fut un modèle d'hypocrisie. Les grands théoriciens qu'étaient les américains furent placés sur un piédestal. Et leur magouille de l'établissement permis à des hauts formois comme Gérard Bohner de devenir les propagandistes d'un bolchévisme intégral. Ceux-là s'arrangèrent pour …. rester agrégés, garder leurs salaires... et envoyer les autres à Renault.
Il faut en outre préciser que ces analyses de 1984-85 étaient très parcellaires, et donc nécessairement limitées ou erronées, parce qu'elles reposaient sur une connaissance ou reconnaissance parcellaire de la réalité du mouvement trotskyste international.
YT : Elles reposaient sur la volonté de briser l'élan révolutionnaire provenant du Nicaragua et de briser dans l'oeuf le morenisme. En particulier en Europe. En effet, pour ces gens-là, le morenisme était dangereux en tant que porte ouverte et laxisme envers un véritable égalitarisme révolutionnaire. La Fraction Bolchévique était la cible véritable de cette magouille gigantesque. Le sabotage du SWP fut la fin voulue de cette opération.
On peut s'interroger sur la nature de classe et policière de qui la pilotait réellement.
Près de la moitié des forces se réclamant du trotskysme dans le monde étaient ignorées (car considérées comme n'ayant pas d'existence internationale) ; outre des organisations nationales importantes telles que Lutte Ouvrière, c'était notamment le cas des courants internationaux d'origine britannique, tels que International Socialists (SWP de Grande-Bretagne), Militant (dont sont issus le CIO et la tendance de Ted Grant) ou le courant healyste.
YT : Il est faux de poser ainsi le problème. A moins de vouloir rétrospectivement accuser le SU et le SWP de ne pas avoir voulu construire une véritable internationale de la formoisie.
En réalité, l'ensemble des courants issus de la Quatrième Internationale ont, à des degrés divers, de différentes façons et à différents moments, cédé devant la formidable pression du stalinisme.
YT : Non. Ils ont cédé à la pression de la classe formoise. Entre les ronds de jambe de Christian Piquet faisant voiture balais des staliniens mal repeints de « Union dans les luttes » et les magouilles de tout l'appareil de la social-démocratie pro-impérialiste, ce ne sont que deux aspects d'une ligne politique de défense des intérêts de la classe formoise.
Entre Julien Dray et Olivier Besancenot il n'y a que querelle sur les moyens de satisfaire les appétits de consommation de la classe formoise.
Le luxe des montres de Julien Dray ou le logement du propriétaire immobilier Besancenot sont les signes de la corruption de ces individus, mais aussi de la corruption de la classe formoise qu'ils défendent.
Dans le cas des « révisionnistes », cela a principalement passé par des politiques d'adaptation, parfois ouvertement revendiquées, à des directions petites-bourgeoises et bureaucratiques outrageusement considérées comme révolutionnaires socialistes.
YT : Elles étaient « révolutionnaires » comme Kérensky et « socialistes » comme Staline. Cela suffit à la formoisie. L'auteur melange les termes, les classes, les intérêts, les serviettes et les torchons.
Du côté des « orthodoxes » (et singulièrement du morénisme), cette pression s'est avant tout exprimée dans un ensemble de conceptions qui, en dernière instance, ont reproduit par mimétisme l'idée stalinienne du « parti-guide ». Reconnaître cette réalité ne signifie absolument pas accepter l'interprétation qui ne voit la cause des erreurs et capitulations que dans des « facteurs objectifs » – interprétation qui revient à dire que l'on ne peut rien faire de plus positif tant qu'il n'y a pas un impétueux mouvement de masse pour la révolution et le socialisme, et ainsi à continuer à autojustifier une série de pratiques et orientations contestables.
YT : Non, il y a dans le morénisme des aspects substitutistes qui proviennent des carences de Moreno quant à l'existence de la formoisie. Dans plusieurs circonstances, son « substitutisme » visait à protéger les exploités des maneuvres de la classe formoise. Il faudra retourner étudier les détails de cela et faire le tri.
Il faudra le faire en conséquence de la mise en oeuvre d'une véritable stratégie égalitariste en Amérique Latine et ailleurs.
Mais cela nous permet de souligner qu'aujourd'hui, après l'effondrement du stalinisme, c'est-à-dire de l'obstacle central sur lequel le trotskysme a historiquement buté, et dans une situation internationale totalement nouvelle, la possibilité existe que différents courants trotskystes, aussi bien « orthodoxes » que « révisionnistes » (mais à l'exception de ceux qui sont irrémédiablement infectés par le bureaucratisme et la corruption), parviennent à surmonter les erreurs et limites du passé.
YT : Non. Ce ne seront pas « différents courants trotskystes ». Ce seront des groupes égalitaristes fractionnels qui gagneront des naïfs « faux trotskystes » englués dans des groupes formois et des tactiques formoises. Ils seront gagnés comme des partisans de Napoléon ont pu être gagnés en 1848.
Ce sera un « post-trotskysme » qui reprendra les arguments de Yvan Craipeau contre Trotsky.
Nous sommes « marxistes » contre Marx. Nous sommes « trotskystes » contre Trotsky.
Mais nous défendons le noyau scientifique de leurs écrits.
Le socle de l'analyse conceptuelle de la formoisie en URSS, c'est … le livre « La révolution trahie » de Trotsky. Il suffit de changer quelques mots.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire