mercredi 12 novembre 2008

"S'ils ne marchent pas, he bien ils recevront des balles par-devant et par-derrière. Après quoi, nous en serons débarrassés."


"S'ils ne marchent pas, hé bien ils recevront des balles par-devant et par-derrière. Après quoi, nous en serons débarrassés."




AOÛT 1914 - NOVEMBRE 2008
LES ASSASSINS DE LA BOURGEOISIE
COMMÉMORENT LEURS EXPLOITS



Par Yanick Toutain
09/11/08 17:37



1914 fut le meurtre de masse de la classe ouvrière française par le patronat français. Les assassins savaient parfaitement ce qu'ils faisaient : Après leurs crimes de la Commune de Paris, les Versaillais prenaient leur revanche de leurs terreurs.
Ils voyaient monter le poids politique de la classe ouvrière. L'armée contre les grévistes, l'armée contre les manifestants, les morts de Fourmies, ne leur suffisait pas, il fallait la grande saignée.
La bourgeoisie européenne, dans sa globalité, sentait son trône vaciller. Messimy, leur boucher en chef, le Morin de 1914, tonnait dès le 29 juillet 1914 :


"Laissez-moi la guillotine, et je garantis la victoire. Que ces gens-là [les militants syndicalistes] ne s'imaginent pas qu'ils seront simplement enfermés en prison. II faut qu'ils sachent que nous les enverrons aux premières lignes de feu : s'ils ne marchent pas, eh bien ! ils recevront des balles par devant et par derrière. Après quoi, nous en serons débarrassés."
E. Dolléans Histoire du mouvement ouvrier p. 215


Jack London avait prévu leurs crimes, les crimes des patrons. L'écrivain génial avait anticipé la montée du fascisme de la bourgeoisie. Dès 1908 dans son Talon de Fer, il avait prévu les crimes, le complot, les guerres, les dictatures.
L'oligarchie allait mettre dans ses hôpitaux psychiatriques l'évêque Morehouse XXX du roman et toutes les brebis galeuses des classes dominantes, tous leurs "traîtres à leurs classes".

Ce que Jack London avait prévu pour la ville de Chicago, l'assassinat de masse du peuple, le massacre des travailleurs les moins qualifiés, les Hervé Morin de 1914 allaient l'organiser sur les lieux de leurs boucheries que les Hervé Morin du 21° siècle appellent encore - complices - les "champs d'honneur".

Leurs champs d'honneur sont des lieux de massacres, sont les lieux de ce qu'ils appelaient "batailles" et qui n'ont rapport avec ce que l'Antiquité appelait bataille que le fait que des gens munis d'armes s'y tuaient réciproquement.
Un Polubos, un Polybe, - historien gréco-romain et spécialiste de la poliorcétique - arrivant en 1915, aurait été effaré du ramassis de crétins, de badernes galonnées que la bourgeoisie française avait mis à la tête du massacre.
Un Polybe de 2008 aurait été tout autant ahuri du massacre organisé dans l'Afghanistan.

Les abrutis de 1914, comme les abrutis de 2008 ne sont que des massacreurs de civils, des assassins de peuples désarmés.
De l'Hôtel Ivoire où les gangsters en uniforme assassinaient des Abidjanais désarmés à victimes "collatérales" en Irak ou en Afghanistan, depuis les victimes des rues de N' Djaména aux centaines de milliers de Rwandais, la hiérarchie galonnée de l'armée française s'est illustrée comme une gigantesque machine à assassiner et à faire assassiner des foules désarmées.
Les bourreaux de 1914 prirent la précaution d'habiller leurs futurs victimes d'un uniforme français.

Le but de la guerre 14-18 pour Messimy, le ministre de la Guerre de l'époque était principalement de faire massacrer ses ennemis, les syndicalistes des travailleurs, les syndicalistes des exploités.
Un massacre de syndicalistes.
Les médecins au service de la bourgeoisie de 1914 allaient jusqu'à commettre des faux. On leur présentait des soldats reformés pour raison médicales. Des soldats syndicalistes minoritaires et donc opposés à cette boucherie impérialiste :

MAUNOURY confirme le fait : “ Les syndicalistes réformés pour raison de santé étaient soumis à une visite faite par des médecins soigneusement choisis," (p. 217 note)

La menace d'être envoyé se faire assassiner au front touchait particulièrement les journalistes. Le bourrage de crâne nécessitait de conserver à l'arrière les larbins les plus peureux. Les hommes courageux furent envoyés face aux balles impérialistes.

HENRY MAUNOURY raconte aussi que la plupart des journalistes mobilisables étaient en sursis d'appel :" A la première incartade, à la première velléité d'indépendance, avertissement; la seconde fois, envoi au front, " C'est ainsi qu'on tenait la presse et qu'on espérait par elle tenir l'opinion. (p. 217 note)

Il n'est pas étonnant qu'Hervé Morin commémore cette boucherie. Lui, Kouchner et Sarkozy auront des comptes à rendre de la boucherie à N' Djaména du début de l'année : Les mercenaires de l'Est qui mitraillèrent dans les rues de la ville pour sauver la dictature de l'exécuteur Déby furent le bras armé de la France A Fric que ce trio dirigeait.
Au mépris de la parole donnée, ils laissèrent décoller les hélicoptères assassins pour stopper l'offensive des patriotes.
Les mêmes commémorent la guerre bourgeoise de 1914.
1914-2008, la même classe reste à empêcher de nuire, la révolution anticapitaliste est tout autant à l'ordre du jour.




Contre la boucherie, contre la bourgeoisie,
le 1917 de Petrograd restera notre modèle !



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Citation complète
E. Dolléans Histoire du mouvement ouvrier
Chapitre L'internationale et la guerre
L'élan rompu par la guerre p. 215-217
(scan et dactylographie : YT)


page 215
II


Le jeudi 30 juillet. La Bataille syndicaliste fait allusion à l'intention du gouvernement de prendre des mesures contre la classe ouvrière ; La Bataille syndicaliste rapporte les paroles qu'au Conseil du 29 juillet aurait prononcées le ministre de la Guerre, Messimy:

"Laissez-moi la guillotine, et je garantis la victoire. Que ces gens-là [les militants syndicalistes] ne s'imaginent pas qu'ils seront simplement enfermés en prison. II faut qu'ils sachent que nous les enverrons aux premières lignes de feu : s'ils ne marchent pas, eh bien ! ils recevront des balles par devant et par derrière. Après quoi, nous en serons débarrassés."

Dès le 27 juillet, les militants syndicalistes étaient prévenus des intentions du ministre de la Guerre, qui réclamait l'application du Carnet B, liste de suspects dressée par la Sûreté générale. Messimy voulait s'en servir afin de faire emprisonner les uns et d'envoyer les autres aux premières lignes. Le Carnet B comptait 3 à 4.000 suspects qui comprenaient les syndicalistes révolutionnaires, des anarchistes et quelques socialistes de gauche, parmi lesquels Pierre Laval. Le 28, les militants de la C. G. T. décident de ne plus rentrer chez eux le soir : “ On étudia assez minutieusement le départ pour l'Espagne de Jouhaux et des membres du Comité les plus connus pour leur activité antimilitariste 1”
Lorsque, le 29 juillet, la question est posée au Conseil des Ministres, quelques ministres hésitent à appliquer le Carnet B2 “. La Bataille syndicaliste affirme que "M. Malvy était le seul ministre qui avait protesté contre les paroles de Messimy ". C'est le 1er août seulement, avant l'ordre de mobilisation, que, dans une information reproduite le lendemain par La Bataille syndicaliste.

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1. A. ROSMER, op. cit., p. 155
2. Le Bonnet Rouge, 1er août 1914.

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page 216

Le Bonnet Rouge annonce qu'il n'y aura pas d'arrestations : "Nous croyons pouvoir ajouter que cette mesure, dont tout le monde appréciera l'importance et la signification, a été prise sur l'initiative personnelle de M. Malvy, ministre de l'Intérieur 1."
Sans doute M. Malvy obtint-il des assurances que rien ne serait tenté contre la mobilisation ; car, le 31 juillet, après s'être mis d'accord avec le président du Conseil et le président de la République, le ministre de l'Intérieur adresse aux préfets le télégramme suivant:

N'appliquez pas intégralement, même en cas de mobilisation, instructions strictes sur application du Carnet B. L'attitude actuelle des syndicalistes permet de faire confiance à ceux d'entre eux qui sont inscrits. Exercez seulement à leur égard une surveillance attentive, mais discrète 2.

Quels avaient été les intermédiaires ? Quels députés socialistes ? Renaudel ? Et, pour les anarchistes, Almereyda 3 ? En fait, M. Malvy avait compris l'exaspération que des arrestations en masse auraient provoquée dans les milieux ouvriers. La décision aurait été prise par lui après un entretien que le secrétaire confédéral aurait eu avec M. Poincaré 4.
Le matin du vendredi 31, on sut que les mesures du Carnet B ne seraient pas appliquées. Et, le samedi 1er août, les chefs confédéraux se sentirent libres de rentrer le soir chez eux : " Le ciel avait une dernière éclaircie avant le sanglant orage et l'accord était fait entre le parti de la guerre et celui de la paix 5." Pourtant, malgré les instructions du ministre de l'Intérieur, les mesures prévues au Carnet B furent appliquées en certains lieux. notamment dans le Nord et dans l'Est, ainsi que la loi Millerand-Berry 6.

1. La Bataille syndicaliste, 30 juillet et 2 août 1914.
2. MALVY, dans Mon Crime, raconte ses négociations à propos de l'arrestation des personnes inscrites au Carnet. B et rapporte le mot de Clemenceau à Malvy le 22 juillet :"Pourquoi ? Cela leur est égal aux vrais ouvriers. ”
3. Le Bonnet Rouge, 30 octobre 1915.
4. Souvenir de Charles Dulot.
5. G. DUMOULIN, Les syndicalistes et la guerre, Les cahiers du travail, 1er mai 1921, pp. 14-16.
6. Le secrétaire de la Fédération des Mineurs, Bartuel, signale, le 17 août 1914, l'arrestations de militants syndicalistes dans le Pas-de-Calais, notamment celle de Broutchoux. Le préfet du Nord avait donné l'ordre d'arrêter les 41 militants d'extrême-gauche qui figuraient à son répertoire. La mobilisation terminée, on décide de relâcher, afin de les mobiliser, les 41 "rouges" ; mais l'officier qui signe l'ordre de les relaxer appose, par inadvertance, sa signature au bas d'une page, après le 40° nom. Le 41° est Broutchoux dont le nom figure au verso en haut de la page suivante, et Broutchoux reste incarcéré pendant deux ans, sans motif.
Dans l'Union des Métaux, du 1er mai 1915, Merrheim signale, le 24 février 1915, l'incarcération de deux militants syndicalistes du Nord, arrêtés dès le 2 août 1914.
Et les arrestations continuent en 1915, celle par exemple d'une institutrice des Vosges, Julia Bertrand, envoyée dans un camp de suspects (4 février 1915)

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page 217


Pour se débarrasser des syndicalistes révolutionnaires, on use d'un procédé plus perfide : la visite médicale de ces militants est confiée à des médecins qui les déclarent systématiquement "bons".
Fin décembre 1914, Pierre Monatte est récupéré et envoyé à son dépôt, et le secrétaire de l'Union du Rhône. François Million, est expédié au Maroc 1.


L'opposition minoritaire persistant, on songea à utiliser contre elle un autre moyen. Georges Dumoulin était parti le premier jour de la mobilisation; se trouvant en permission, à Boulogne-sur-Mer, dans le courant de 1915. il rencontra un ancien membre du Comité confédéral, Loiseau, qui insista auprès de lui pour lui faire admettre l'idée de demander un sursis d'appel. Georges Dumoulin resta au front jusqu'au 12 janvier 1917 2.


III
(...)

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1. Pierre Monatte rappellera, au lendemain de la guerre, la question posée par un socialiste suisse à un député socialiste “ Mais vous pouvez pas nier qu'il y ait une minorité dans le syndicalisme, qu'il y ait encore des internationalistes, qu'il y ait une opposition contre la guerre. - Patience, lui répondait Renaudel, la mobilisation n'est pas finie. " "En effet, la mobilisation n'était pas finie ! Nous passions devant des commissions de récupération et tous ceux qui étaient considérés comme allaient à la guerre. " Dans la Police de Guerre (Nouvelle Revue Critique, 1937), HENRY MAUNOURY confirme le fait : “ Les syndicalistes réformés pour raison de santé étaient soumis à une visite faite par des médecins soigneusement choisis,"
2. HENRY MAUNOURY raconte aussi que la plupart des journalistes mobilisables étaient en sursis d'appel :" A la première incartade, à la première velléité d'indépendance, avertissement; la seconde fois, envoi au front, " C'est ainsi qu'on tenait la presse et qu'on espérait par elle tenir l'opinion.


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ce texte sera reformaté plus tard : problème de caractères pour le transfert


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