samedi 6 septembre 2008

BD : La formoisie est partout ! (A propos de la bande dessinée "Mékong")

Quelle ne fut pas ma surprise en lisant l'excellente bande dessinée "Mékong"!



Des formois vietnamiens dirigeant des gangsters.


Mais dans le cadre d'une lutte des classes contre les capitalistes colonialistes venus de France exploiter le peuple d'Indochine.


Il n'était certainement pas dans les intentions des auteurs Xavier Coyère et Jean-Claude Bartoll (rejoints par Agnès Bartoll pour le tome deux) de rédiger un manuel didactique sur la lutte des classes dans les pays du Tiers Monde.


Leur héros est un mélange de Bob Morane et de Louis La Guigne. Un Bob Morane aventurier mais jeté dans la vie comme un fétus de paille sur l'océan. Il ne rencontra pas Louis La Guigne au bagne De Port de France, mais seules vingt années et quelques milliers de kilomètres empêcha cette rencontre.


Mais un héros quand même ! Avec des tigres sauvages, des royaumes perdus, des princesses séduisantes et des méchants dignes des Henri Vernes et Jean Michel Charlier.


Mais si l'on retrouve nos anciens souvenirs de méchants aux ongles interminables déjà rencontrés dans les premiers Bob Morane, ce sont les mandarins de la formoisie vietnamienne qui exhibent les leurs.
Je dois avouer qu'avant cette lecture, je n'avais guère songé au fait que cette classe des Lettrés formois avaient eu son heure de gloire en Indochine.


Ni que - c'est à vérifier - qu'au Vietnam, la classe des féodaux-soldats aurait été partie intégrante de la classe formoise sous forme, comme dans l'album, de "mandarin militaire de troisième rang".
Sous le terme de "mode de production asiatique", Marx nous a décrit la façon dont un groupe social a peu à peu accaparé des postes de pouvoir tout en développant un système politique spécial. Il fallut, en effet un groupe spécial de techniciens formés afin d'organiser les systèmes d'irrigations du Nil, du Fleuve Jaune et des zones fertiles. C'est pour cela que, dans toutes ces zones, la formoisie se mit à croire et à enfler.


Il fallait des détenteurs de savoir, des accumulateurs de connaissance. Il fallut donc les structurer en hiérarchie et donc des concours pour construire cette hiérarchie.
Les scribes égyptiens qui savaient écrire virent leurs cousins chinois se regrouper sous l'idéologie de Confucius pour devenir la plus énorme classe formoise des siècles passés : Les Lettrés, les mandarins chinois étaient la classe du capital humain.
Ce que Marx n'a pas compris, Adam Smith, lui l'avait envisagé : l'accumulation d'heures de travail sous forme de savoir était bel et bien un capital.
Et cette ce groupe devint bel et bien une classe sociale : la formoisie, la classe sociale des détenteurs du capital humain et des exploiteurs du fait de cet accaparement des fruits des gains de productivité liés à leur savoir.
En Chine, cette classe sociale passa une alliance historique avec la classe sociale des féodaux.

Cette alliance eut pour conséquence principale l'inexistence d'une classe bourgeoise en Chine. On peut considérer que le tournant historique fut la destruction des bateaux de Zheng He.
Il fallait arrêter l'exploration pour empêcher l'émergence d'une classe bourgeoise.
Cela scella l'alliance formoisie-féodaux.














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